La lettre de la pédagogie n°12 : la persévérance scolaire

 

 

1. Éditorial

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Drôle de contexte que celui que nous vivons depuis un peu plus d’une année ! Contexte qui a vu nos élèves quitter momentanément les bancs de l’école au profit d’un enseignement à distance avant de revenir dans nos établissements et retrouver leurs enseignants et l’ensemble des équipes éducatives. Tout au long de cette période si singulière, chacun a pu observer l’importance du lien, de la relation nouée entre l’élève et l’enseignant, le CPE, le psychologue de l’éducation nationale, le référent ou bien encore le tuteur. Ce lien, si précieux, celui qui fait la richesse et la fierté de nos métiers, a joué un rôle central dans la prévention du décrochage de nos élèves. Pourtant dernière le mot de « lien », qui peut paraître anodin, se cachent des approches, des méthodes, des techniques pédagogiques ou éducatives qui reflètent le souci porté à la qualité de la relation entre l’accompagnant et l’élève.

En portant la focale sur l’établissement et la classe, le parti pris consiste à dire que l’éducation nationale est attendue aujourd’hui sur la prévention du décrochage scolaire et les actions en faveur de la persévérance là où nos partenaires extérieurs se concentrent désormais sur la prise en charge des « décrochés ». Depuis au moins 2013 et le rapport des inspections générales « agir contre le décrochage scolaire » le constat est là : prévenir en amont de la rupture du jeune avec la scolarité en investissant le champ pédagogique, en prenant en compte l’élève dans sa complexité, en améliorant le repérage des premiers facteurs de décrochage, en proposant des solutions personnalisées, en construisant des alliances avec la famille ou les partenaires…

Cet édito inaugure le séminaire académique de l’innovation sur le thème de la persévérance scolaire. Dans son sillage de nombreuses publications s’échelonneront jusqu’aux vacances scolaires afin de répondre à plusieurs questions : quelles définitions de la persévérance et du décrochage scolaire ? Quels sont les dispositifs et les acteurs de cette mission partagée ? Quelles sont les pratiques déployées sur le terrain ? Quelles approches innovantes d’une problématique en perpétuelle évolution ? Et par-dessus tout : vous lirez, verrez et entendrez celles et ceux qui font la persévérance au quotidien pour celles et ceux qui s’accrochent, qui parfois tombent mais souvent rebondissent et persévèrent.

Je leur adresse un grand merci ainsi qu’aux équipes de la CARDIE et de la MLDS impliquées dans la réalisation de cette publication.

 

Dimitri Sydor-Vienne, Chef du service académique d’information et d’orientation, Correspondant académique lutte contre le décrochage scolaire

 


 

2. La question du décrochage en France : des enjeux importants dans une typologie variée.

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Le décrochage scolaire est une préoccupation tant pour la société que pour les gouvernements et les chercheurs. Il y a en effet des enjeux importants :

  • Un enjeu individuel : le système scolaire est parfois vécu par de nombreux jeunes comme un mal être qui a des conséquences sur leur qualité de vie, et sur leur insertion sociale ou professionnelle.
  • Un enjeu social : par voie de conséquence, un jeune sorti du système scolaire d’une manière précipitée est souvent confronté au chômage ou à la précarité.
  • Un enjeu économique : on estime le coût du décrochage à 230 000 euros pour une personne tout au long de sa vie (Enquête BCG/MENJVA, 2012)[1].

Le décrochage scolaire nous apparaît de prime abord comme un phénomène connu et ancien. Les auteurs (qu’ils soient sociologues, pédagogues, philosophes…) abordent la notion de décrochage scolaire en lui attribuant d’emblée une « terminologie foisonnante » (comme le remarque Danièle Toubert-Duffort[2]) : démobilisation scolaire (Ballion[3]), désaffiliation (Castel[4]), non affiliation (Coulon[5]), décrochage passif (Rochex[6]), exclus de l’intérieur (Bourdieu et Champagne[7])…

On comprend ainsi que les gouvernements aient voulu s’emparer de ce problème depuis de nombreuses années, en initiant des mesures qui ont fait leurs preuves. Pour être efficaces, des conditions préalables sont néanmoins requises : la bienveillance en classe, la méthode d’enseignement, l’expérience professionnelle, un projet d’orientation réalisable… On comprend toute la fragilité des dispositifs mis en œuvre, et le besoin de coupler les actions de prévention et les actions de remédiation scolaires.

Pour l’éducation nationale, le décrochage est un processus qui conduit chaque année des jeunes à quitter le système de formation initiale sans avoir obtenu une qualification équivalente au baccalauréat ou à un diplôme à finalité professionnelle, de type certificat d’aptitude professionnelle (CAP). Il est inscrit dans le code de l’éducation aux articles L122-2 et L313-7.

Définir le décrochage scolaire peut s’avérer complexe dans la mesure où cette notion renvoie à des réalités individuelles et collectives parfois fort différentes mais également à des expériences personnelles dans le cadre desquelles l’élève va interagir avec son environnement scolaire, social, familial.

C’est donc la typologie des décrocheurs qui est très variée. Dans les recherches, si on s’inspire des travaux menés par Véronique Barthélémy[8], plusieurs profils se dégagent :

  • Les élèves présentés comme tranquilles, silencieux ou discrets ayant des difficultés d’apprentissage mais ne présentant pas de trouble du comportement. Leurs résultats scolaires sont faibles, et appartiennent à des catégories socioprofessionnelles défavorisées.
  • Les élèves dits désengagés, peu intéressés, peu motivés par l’école ou dépressifs. Ils peuvent avoir des résultats scolaires bons ou dans la moyenne, mais perçoivent négativement le climat d’une classe, ou déclarent souvent souffrir d’une faible cohésion familiale.
  • Les élèves présentant des comportements inadaptés ou antisociaux ayant des difficultés de comportement et d’apprentissage. Ils rencontrent souvent des problèmes familiaux, présentent des signes de délinquance.

Ainsi, derrière ces « symptômes » (manque d’assiduité, démobilisation, démission, …), il s’avère important de s’interroger sur les facteurs qui sont à l’origine de ce désintérêt de l’élève pour l’école. Ces facteurs peuvent être tant internes au système scolaire (organisation scolaire, climat scolaire, orientation, programmes, pédagogie, modalités d’évaluation, …) qu’externes (environnement familial et éducatif, santé physique ou mentale, conditions économiques et sociales, offre locale de formation sur le territoire, …). La situation singulière de l’élève, qui occupe une place centrale, doit bien évidemment être questionnée (son histoire, son entrée dans les apprentissages, son développement, ses capacités, ses projets, son rapport à l’espace et au temps, …). L’ensemble de ces éléments interagissant vont contribuer à un maintien dans le système scolaire ou, a contrario, à un phénomène de décrochage.

Cette situation de désaffiliation par rapport à l’école est ainsi la résultante d’un processus émaillé de ruptures et d’échecs tant scolaires que sociaux et familiaux. C’est donc bien ce processus à long terme, ce « continuum » aux multiples indicateurs, qui mènent à une désadhésion du système ou à un accrochage manqué qui conduiront, à plus ou moins long terme, à une désaffection. Le décrochage scolaire serait donc « l’étape ultime de ce processus » (Danièle Toubert-Duffort) … souvent vécu de façon douloureuse pour l’élève et sa famille.

Pour prévenir le décrochage, il s’avère ainsi nécessaire d’en préciser les contours, d’en repérer les signes, d’en comprendre les mécanismes et d’enclencher les leviers qui permettront la persévérance scolaire.

La lutte contre le décrochage scolaire est donc le miroir grossissant de ce phénomène aux multiples facteurs, incluant des typologies très variées. Mêlant nécessairement prévention et remobilisation, on observe une organisation complexe avec de multiples acteurs.

 

[1] Enquête BCG/MENJVA en 2012, citée dans le rapport de diagnostic du 28 mars 2014 (https://www.modernisation.gouv.fr/sites/default/files/epp/epp_lutte-contre-le-decrochage-scolaire_diagnostic.pdf)

[2] Danièle Toubert-Duffort, « Adolescence et décrochage : prévenir et répondre », La Nouvelle Revue de l’Adaptation et de la Scolarisation, 2011.

[3] Robert Ballion, « Le lycée, une cité à construire », Revue française de pédagogie, 1995.

[4] Robert Castel. « La dynamique des processus de marginalisation : de la vulnérabilité à la désaffiliation », Cahiers de recherche sociologique, n°22 : 11-27, 1994.

[5] Alain Coulon, « Le métier d’étudiant, l’entrée dans la vie universitaire », PUF, 1997.

[6] Jean Yves Rochex, Elisabeth Bautier, « L’expérience scolaire des nouveaux lycéens : démocratisation ou massification ? », Armand Colin, 1998.

[7] Pierre Bourdieu, Patrick Champagne, « Les exclus de l’intérieur », Actes de la recherche en sciences sociales, 1992.

[8] Véronique Barthélémy & Sébastien Bauby. (2019). Rapport du projet de recherche de l’ESPE sur les « Dispositifs d’accompagnement et de prévention du décrochage scolaire dans les établissements du second degré : vers une nouvelle dynamique pour des pratiques collaboratives des acteurs de la communauté scolaire ? », 2019.

3. Une organisation complexe avec de multiples acteurs 

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Tout comme la définition du décrochage, la lutte contre le décrochage scolaire est difficile à circonscrire clairement. En effet, si les mesures permettant de réduire de façon ciblée l’absentéisme des élèves entrent naturellement dans ce domaine, est-ce qu’un meilleur accompagnement éducatif, une mise en place d’un tutorat professeur-élève efficace ne pourraient pas également jouer un rôle prépondérant dans cette lutte ? Il faut par exemple distinguer les actions de prévention (avec, par exemple, la Semaine de la persévérance scolaire [9] qui en est une émanation avec la valorisation, sur le terrain, des actions mises en place par les EPLE pour favoriser la persévérance scolaire) des actions de remédiation ou de remobilisation des élèves, engagées/impulsées notamment par la MLDS (Mission de Lutte Contre le Décrochage Scolaire).

La lutte contre le décrochage scolaire constitue l’une des cinq priorités de la stratégie « Europe 2020 [10] » et répond à la volonté d’assurer, quel que soit leur milieu d’origine, la réussite de tous les élèves et d’élever leur niveau de qualification. Ainsi, la France s’est engagée à abaisser le taux de jeunes quittant tout système de formation sans diplôme du second cycle du secondaire à 9,5% d’ici 2020. L’Académie de Nancy-Metz a atteint cet objectif avec un taux de 5,84 % à ce jour.[11]

La lutte contre le décrochage scolaire apparaît comme un véritable instrument de lutte contre l’exclusion ; l’absence de diplôme augmentant le risque de rester durablement à l’écart du marché du travail et de la société. Elle représente un enjeu majeur humain, social et économique. En effet, le préjudice psychologique du décrochage scolaire est important tant en termes d’estime de soi que de qualité de vie. Par ailleurs, la non-valorisation des talents représente un gâchis pour la société et menace la cohésion sociale.

Ce travail de lutte contre le décrochage scolaire passe par une mobilisation forte, concertée et réussie de tous les acteurs, depuis les niveaux national et régional, jusqu’à l’établissement.

La politique de lutte contre le décrochage scolaire a été construite avec l’ambition de pouvoir agir sur l’ensemble du parcours du jeune ; depuis la maternelle jusqu’à l’obtention d’un diplôme ou d’une qualification. Le réseau FOQUALE [12], grâce à la mobilisation de tous ses membres, et l’équipe ressource de coordonnateurs de la MLDS contribuent, notamment, à assurer les conditions de mise en œuvre de la politique académique pour l’accompagnement des élèves du 2nd degré en risque ou en situation de décrochage scolaire.

Cette politique de lutte contre le décrochage scolaire et de prise en charge des élèves en situation de décrochage est largement déployée au sein de l’Education Nationale : les textes de lois ou les circulaires ont été nombreux ces dernières années pour en définir les objectifs et modalités. On peut notamment citer le « Programme Nouvelle Chance [13] » en mai 1999, la « Stratégie Europe 2020 [14] » d’avril 2013, « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire [15] » en novembre 2014, le « Droit au retour en formation [16] » en décembre 2015, ou plus récemment « l’Obligation de formation des 16-18 ans [17] ».

Concrètement, sur le terrain, les établissements scolaires peuvent ainsi mobiliser de multiples leviers de lutte contre le décrochage scolaire que l’on peut catégoriser selon 3 grands types d’actions et/ou de dispositifs :

  • La prévention : Créer les conditions de la persévérance scolaire doit être une préoccupation de l’ensemble de la communauté éducative. Cela passe notamment par la mise en place d’un ensemble d’actions de prévention en amont du décrochage permettant notamment de développer la persévérance scolaire (travail sur le climat scolaire, l’accès aux apprentissages, la santé…). 
    Une fois écarté le champ du droit commun, restent les actions spécifiques de prévention du décrochage scolaire permettant de répondre à un risque particulier analysé à l’échelle d’un groupe d’élèves, d’un établissement ou d’un bassin.
  • L’intervention : Ce type d’action doit intervenir aux premiers signes du décrochage. Cela passe, notamment, par un accompagnement des élèves en risque de décrochage scolaire qui rencontrent des difficultés en cours de formation.
    Peuvent ainsi se mettre en place des dispositifs et actions mis en œuvre suite à l’identification de signes de décrochage chez un élève ou un groupe d’élèves et permettant d’éviter une rupture dans son parcours ou d’accéder à la qualification. Il peut s’agir d’action de développement des compétences sociales, d’actions de bilan de compétences, d’actions d’accès sans rupture à la qualification, d’actions de tutorat, de partenariats ou d’alliances éducatives, etc.
  • La remédiation/remobilisation : Cela passe par le déploiement de dispositifs et d’actions de raccrochagepermettant la prise en charge des jeunes en situation de décrochage scolaire qui sont sortis, sans qualification, de tout système de formation. Ces dispositifs et actions permettent à un ou plusieurs élèves décrochés de revenir en formation et d’accéder à la qualification. L’Éducation nationale est à ce titre concernée par les solutions de retour en formation sous statut scolaire et sous statut d’apprenti dans un établissement de l’Éducation nationale. Les autres solutions relèvent de nos partenaires : mission locale, CFA, école de la 2ème chance, etc.

Sur les territoires, des acteurs extérieurs à l’Éducation Nationale sont par ailleurs mobilisés pour proposer à ces jeunes en situation de rupture scolaire une prise en charge adaptée à leurs besoins. On peut notamment citer les Missions locales [18], les E2C [19], l’AFPA [20], qui sont des créations régionales ou départementales. Certains visent un accompagnement professionnel, d’autres peuvent parfois exercer un suivi médico-social, nous le verrons. Ils convergent néanmoins tous vers des objectifs communs. Ils préviennent le décrochage scolaire, mettent en œuvre ou facilitent un retour à la formation ou un accès à la qualification des jeunes en situation de décrochage ou ayant décroché. 

Nous ferons donc le choix de se limiter à une revue ciblée des dispositifs existants, qui ont été créés pour faire de la lutte contre le décrochage scolaire leur objectif principal. Ces dispositifs s’additionnent parfois, en se complétant avec plus ou moins d’efficacité. Ils émanent d’une multitude d’acteurs appelés à travailler de concert ; ces acteurs éducatifs, sociaux, médicaux, judiciaires se constituent en un réseau qui est amené à gagner en cohérence ; ce dans une logique d’alliance éducative. C’est en tout cas l’objectif des mesures prises par l’exécutif ces dernières années, même si les effets sur le terrain ne sont pas toujours aboutis ni finalisés.

Nous aborderons donc ici la majeure partie des dispositifs existants dans le champ de la prévention du décrochagescolaire dans une première partie. Puis nous verrons dans un second glossaire les dispositifs existants dans le champ de la remobilisation/remédiation scolaire.

Dans chaque partie, nous ferons un focus vers les innovations réalisées dans chaque domaine, ainsi que vers les dispositifs temporaires.

[9] https://sites.ac-nancy-metz.fr/lio/mlds/index.htm

[10] https://ec.europa.eu/education/policies/european-policy-cooperation/et2020-framework_fr

[11] Taux calculé à partir des données du SIEI (Système interministériel d’échanges d’informations)

[12] https://www.education.gouv.fr/bo/13/Hebdo14/MENE1306159C.htm

[13] https://www.education.gouv.fr/bo/1999/21/ensel.htm

[14] https://www.eesc.europa.eu/resources/docs/mid-term-of-the-europe-2020-strategy-fr.pdf

[15] https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/action/piece-jointe/2016/11/dp_-_tous_mobilises_pour_vaincre_le_decrochage_scolaire_14_nov.pdf

[16] https://www.education.gouv.fr/bo/15/Hebdo12/MENE1505327C.htm

[17] https://www.education.gouv.fr/l-obligation-de-formation-des-16-18-ans-306954

[18] https://travail-emploi.gouv.fr/ministere/service-public-de-l-emploi/article/missions-locales

[19] https://reseau-e2c.fr

[20] https://www.afpa.fr

 

4. Glossaire

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Comme énoncé précédemment, la question de la prévention du décrochage scolaire est l’affaire de tous.

 

4 .1 Des dispositifs et des acteurs inscrits dans la prévention / intervention du désengagement scolaire.  

 

4.1.1 Des instances de coordination.

Au sein de l’Éducation nationale, cela passe notamment par la mobilisation d’instances de coordination et d’animation de lutte contre le décrochage scolaire qui ont un champ d’action au sein-même des EPLE (Établissement Public Local d’Enseignement) et/ou des Bassins d’Éducation et de Formation.

  • La Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS[1]). La mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) a deux finalités : réduire, par des actions de prévention, le nombre de sorties sans diplôme ; prendre en charge les élèves décrocheurs de plus de 16 ans en vue d’une rescolarisation et/ou d’une qualification reconnue, pour une insertion sociale et professionnelle durable. Les objectifs de la mission de lutte contre le décrochage scolaire sont les suivants : prévenir les ruptures (en participant au GPDS par exemple), mobiliser les ressources de proximité (en développant des partenariats avec les acteurs de la formation, par exemple), accueillir et accompagner (permettre aux jeunes de reprendre confiance en eux), former et qualifier.
  • Le G.P.D.S (Groupe de Prévention du Décrochage Scolaire[2]). C’est une instance permanente interne à chaque EPLE qui agit sur le champ de la lutte contre les sorties précoces du système scolaire (axe de la coordination et de l’animation de lutte contre le décrochage scolaire). Chaque GPDS est composé de membres de droit : l’équipe de direction qui anime la réunion, le CPE (Conseiller Principal d’Éducation), le Référent Décrochage Scolaire (RDS), le pôle médico-social, le Psy-EN (Psychologue de l’Éducation nationale). Des intervenants peuvent ponctuellement y être associés : des chargés de mission MLDS, des professeurs, des partenaires (Mission locale…). 

    Le GPDS a pour rôle principal de repérer et de recenser les élèves démotivés, les « absentéistes », les élèves en risque de décrochage et ceux en situation de décrochage scolaire. Ce groupe doit les accueillir, mettre en place des remédiations adaptées aux besoins de chaque élève repéré et assurer leur suivi.

    Il s’agit pour le GPDS d’adopter un regard croisé, avec les partenaires du réseau, qu’ils émanent du domaine médical, judiciaire, éducatif, social, psychologique. Les partenaires dans la prévention du décrochage scolaire sont donc nombreux et permettent à la fois un repérage et un suivi efficace. Le GPDS dépend bien entendu de la quantité et de la nature des partenaires et des dispositifs locaux.

  • Les Référents Décrochage Scolaire (RDS): Nommés dans les établissements du second degré à fort taux d’absentéisme et de décrochage, leur activité se situe au cœur du dispositif de décrochage scolaire. Dès les premiers signes d’un risque de décrochage, ils se mobilisent avec l’équipe éducative et coordonnent l’action de prévention menée au sein de l’établissement.

  • Les CIO et leurs Psychologues de l’Éducation nationale (Psy-EN)[3]: Ils interviennent, de façon individuelle ou collective, notamment, auprès des élèves rencontrant des difficultés, en situation de handicap, en rupture et en risque de rupture scolaire, au sein des groupes de prévention du décrochage scolaire (GPDS). Ils contribuent à l’élaboration et la mise en œuvre du programme d’orientation du projet d’établissement. Ils participent au premier accueil et à l’information pour toute personne en recherche de solutions pour son orientation.

  • Les coordonnateurs MLDS: Ils assurent l’ingénierie de formation, la coordination pédagogique, éducative et le suivi d’actions personnalisées autour de la prévention des interruptions de parcours de formation, sous statut scolaire et de la remédiation/remobilisation de jeunes en voie de décrochage ou sans solution.

 

4.1.2 Des dispositifs et des actions de prévention

Parallèlement à ces instances de coordination et d’animation de lutte contre le décrochage scolaire, l’Éducation nationale dispose de différents supports et dispositifs permettant d’agir en amont du décrochage scolaire.

  • Les adaptations des parcours de formation ayant pour visée principale de permettre à l’élève présentant des risques de décrochage scolaire de pouvoir « respirer », de faire un bilan et prendre du recul par rapport à sa situation. Cela peut passer par la mise en place d’un Parcours Individualisé (PI), d’un Dispositif Personnalisé en Alternance (DPA) ou d’un Parcours Aménagé de Formation Initiale (PAFI)[4]. Ces différents parcours doivent permettre à ce jeune en risque ou en situation de décrochage de sortir partiellement et temporairement du milieu scolaire et/ou de l’établissement. Il ne s’agit pas de laisser le jeune « livré à lui-même » et sans activité ; l’idée étant bien de lui permettre d’intégrer des activités d’un autre type, a priori moins scolaires, et qui pourraient lui convenir et le motiver davantage…et lui (re)donner goût à une reprise d’études.

  • Les classes relais[5] : Les dispositifs relais sont des dispositifs permettant une scolarisation temporaire, appropriée aux besoins des élèves qui en relèvent. Ils accueillent en priorité des élèves en voie de déscolarisation et de désocialisation pour lesquels les équipes ont épuisé toutes les pratiques dont elles disposent en milieu ordinaire. Les deux objectifs assignés aux dispositifs relais s’inscrivent dans une démarche de resocialisation et de rescolarisation afin de permettre de réinsérer ces jeunes dans un parcours de formation générale, technologique ou professionnelle.

  • Les MOREA[6] (Module de Représentation à l’Examen par Alternance). Les MOREA accueillent les jeunes qui souhaitent se représenter à l’examen du baccalauréat après y avoir échoué deux fois. Le Module de Représentation à l’Examen par Alternance est un dispositif d’aide à l’insertion mis en place dans chaque académie par l’Education nationale. Il s’adresse à des jeunes ayant échoué 2 fois à l’examen du baccalauréat et désireux de le préparer de nouveau selon une organisation pédagogique différente, tout en restant scolarisés en formation initiale.

  • Les SAS-Bilan[7] (Sessions d’Accueil Scolaire et de Bilan) : Les « sas », d’une durée de quelques semaines, permettent de faire un premier bilan de situation, de préciser avec le jeune où il en est de ses apprentissages et de ses vœux de poursuite de formation.

  • CASNAV CAREP[8] : Centre Académique pour la Scolarisation des Enfants Allophones. Nouvellement arrivés et des Enfants issus des Familles itinérantes et de voyageurs. Centre de Ressources pour l’Éducation Prioritaire. Ces centres permettent d’accueillir une population nouvellement arrivée sur un territoire donné : leurs intervenants tissent des relations privilégiées entre les familles, les écoles ou les établissements d’enseignement secondaire.

    Certains dispositifs sont mis en place de façon temporaire dans la prévention du décrochage scolaire. Ils constituent des réponses à un contexte précis. Ils permettent, sur un temps plus ou moins long, à chaque élève de revenir dans les apprentissages scolaires, de retrouver une estime de soi et des compétences sociales, de réfléchir et de préciser sa suite de formation.

  • Dispositif Tremplin[9] : Le dispositif Tremplin est mis en place à la rentrée 2020. Ce plan s’adresse à la fois à l’ensemble des élèves ayant vécu cette période dont le retour en classe offre l’espace et le temps de l’accompagnement mais aussi, plus spécifiquement, aux élèves dont la période de confinement a accentué le risque de décrochage voire le décrochage.

  • Le dispositif Vacances Apprenantes[10]: mis en place à l’été 2020, après le confinement, dans un contexte qui nécessite de lutter contre les retards qui ont pu s’accumuler pendant la période de confinement et les risques de décrochage qui ont pu en découler.

Parallèlement à ces dispositifs, l’Éducation Nationale déploie différentes actions au sein-même des établissements et/ou Bassins d’Éducation et de Formation. Certaines sont financées, dans le cadre de la « Réponse à l’appel à projet MLDS[11] » par la MLDS, d’autres non.

  • L’école ouverte[12] : L’opération École ouverte a pour objectif d’améliorer les relations entre les jeunes et les adultes et d’instaurer ou consolider, dans l’établissement, un climat de confiance. Ce dispositif fonctionne par exemple les mercredis, samedis ou vacances scolaires, pour créer de la continuité hors temps scolaire.

  • OEPRE[13] : L’opération « Ouvrir l’École aux parents pour la réussite des enfants » (OEPRE) est conduite en partenariat entre le ministère de l’Intérieur et le ministère chargé de l’Éducation nationale. Elle vise à favoriser l’intégration des parents d’élèves, primo-arrivants, immigrés ou étrangers hors Union européenne, volontaires, en les impliquant notamment dans la scolarité de leur enfant.

  • Les Cordées de la Réussite[14], qui visent à accompagner les jeunes dans l’orientation, en mettant en lien les universités, les écoles supérieures (parfois prestigieuses) avec les collèges.

4.1.3 Quelques exemples d’acteurs et de dispositifs extérieurs à l’éducation nationale

En dehors de l’Éducation Nationale, de nombreux acteurs interviennent également dans la prévention du décrochage scolaire. Ils sont issus du monde associatif, peuvent dépendre d’autres ministères, ou du domaine médico-social. On peut ici aborder quelques exemples dans une liste non exhaustive, concernant notre académie :

  • ASBH[15] : Association d’Action Sociale et Sportive du Bassin Houiller (animation socio-culturelle). L’ASBH est un exemple d’acteur associatif intervenant, en lien avec l’Éducation nationale, dans le repérage des élèves en situation de fragilité pouvant mener à un décrochage. Les animateurs participent à ce maillage territorial souvent très prolifique sur le plan des renseignements spécifiques sur telle ou telle fragilité familiale. Des actions coordonnées peuvent être décidées. L’ASBH est une association fortement implantée localement.

  • CMSEA[16] : Comité Mosellan de Sauvegarde de l’Enfance. Créé en 1950, le Comité Mosellan de Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et des Adultes (CMSEA) est une association sans but lucratif, indépendante de toutes structures confessionnelles ou idéologiques. 

  • CMP[17] : Centre Médico Psychologique. Les CMP sont des établissements publics (en général) et pluridisciplinaires où vont travailler conjointement des psychiatres, des psychologues, des infirmières, des assistants sociaux et autres intervenants de santé mentale.

  • ITEP[18] : Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique. Les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques accueillent les enfants, adolescents ou jeunes adultes qui présentent des difficultés psychologiques dont l’expression, notamment l’intensité des troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. 
  • DCPP[19] : Délégué Commission Police Population. Le délégué à la cohésion police-population est un fonctionnaire de police réserviste qui a pour mission de favoriser le rapprochement entre la police et la population dans les quartiers identifiés comme prioritaires en termes de sécurité. SA mission est de mener des actions de prévention de la délinquance à destination, notamment, des jeunes dans le cadre du partenariat avec les établissements scolaires

Ces acteurs externes à l’Éducation Nationale mettent également en œuvre de nombreux dispositifs dans cette prévention du décrochage scolaire :

  • DRE[20] : Dispositif de Réussite éducative, intégré au QPV (Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville). Le CGET (Commissariat Général à l’Egalité des Territoires) est créé en 2014, et remplacé en 2020 par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires.

  • PAEJEP[21] : Le Point Accueil Ecoute Jeunes et Parents reçoit les jeunes âgés de 10 à 25 ans et/ou leurs parents pour des questionnements ou des difficultés liées à la scolarité (absentéisme, difficultés de comportement, mal-être…), aux relations parents/enfant/jeune adulte, aux conduites à risques, à la sexualité, isolement social (replis sur soi, usage excessif de jeux vidéo, internet)…

  • Les conventions avec un CEF (Centre Éducatif Fermé) : En fonction de l’évaluation globale de la situation du jeune et des objectifs fixés par l’équipe, le projet personnalisé précise les différentes possibilités d’organisation de la scolarisation : au sein du CEF, à temps plein ou partagé, dans les établissements de proximité (établissement de secteur, dispositif relais, plateforme de lutte contre le décrochage scolaire, en unité d’activités de jour de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) et éventuellement au centre national d’enseignement à distance (Cned) pour un enseignement complémentaire. Quelle que soit la modalité retenue, elle peut se traduire par la signature d’une convention administrative de rattachement avec un établissement de secteur et précise l’organisation pédagogique.

  • Les commissions PASE (Point d’Accompagnement Scolaire et Educatif) : en cas d’exclusion d’un élève sur une semaine avec détermination des objectifs pour la semaine. Il s’agit ici d’une prise en charge extérieure du jeune avec une association (ici le CMSEA), en lien avec des objectifs fixés avec l’établissement.

[1] https://eduscol.education.fr/1284/mission-de-lutte-contre-le-decrochage-scolaire

[2] https://eduscol.education.fr/907/prevention-du-decrochage-scolaire

[3] https://www.education.gouv.fr/les-lieux-d-information-de-l-orientation-4274

[4] Instruction du Recteur du 14/12/2020 relative aux outils d’adaptation du parcours des élèves

[5] https://eduscol.education.fr/1872/les-classes-et-ateliers-relais

[6] https://www.nouvelles-chances.gouv.fr/Poursuivre-ses-etudes/Les-dispositifs-de-retour-au-lycee

[7] https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Actu_2017/20/6/Fiche_action_SAS-BILAN_Academie_de_Reims_789206.pdf

[8] https://eduscol.education.fr/1201/centre-academique-pour-la-scolarisation-des-eleves-allophones-nouvellement-arrives-et-des-enfants-issus-de-familles-itinerantes-et-de-voyageurs-casnav

[9] https://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-circos/ientoul/sites/ientoul/IMG/pdf/rentra_c_e_2020_-_plan_tremplin.pdf

[10] https://www.education.gouv.fr/les-vacances-apprenantes-303834

[11] Tous les ans (vers le mois de mai), les EPLE peuvent répondre à « L’appel à projet MLDS » pour bénéficier d’un accompagnement de la MLDS dans la construction et/ou le financement de certaines actions de prévention, d’intervention ou de remobilisation. Pour cela, il faut remplir le document « Réponse à l’appel à projet MLDS » téléchargeable sur l’intranet académique PARTAGE.

[12] https://www.education.gouv.fr/ecole-ouverte-4664

[13] https://eduscol.education.fr/2187/ouvrir-l-ecole-aux-parents-pour-la-reussite-des-enfants

[14] https://www.cordeesdelareussite.fr

[15] https://www.asbh.fr

[16] https://www.cmsea.asso.fr

[17] https://www.psycom.org/sorienter/le-dictionnaire-des-lieux/centre-medico-psychologique-cmp/

[18] http://www.mdph13.fr/demarches/Pages/ITEP.aspx

[19] https://www.cesdip.fr/delegues-cohesion-police-population/

[20] https://www.nancy.fr/utile/l-ecole-a-nancy/dispositif-de-reussite-educative-dre-2639.html

[21] https://www.epe57.fr/point_accueil_ecoute_jeunes_et_parents.htm

 

4.2 Des dispositifs de lutte contre le décrochage scolaire : le champ de la remobilisation scolaire.

 

4.2.1 Des instances de coordination

 

  • Les réseaux FOQUALE[1]: Ces réseaux rassemblent, dans le périmètre d’action d’une plateforme de suivi et d’appui aux décrocheurs, les établissements et dispositifs relevant de l’Éducation nationale et susceptibles d’accueillir les jeunes décrocheurs. Les réseaux FOQUALE doivent développer des mesures de remédiation au sein de l’Éducation nationale et en renforcer la lisibilité. Ils permettent de recenser toutes les solutions existantes et favorisent la mutualisation d’expériences réussies. Ils rassemblent les acteurs de l’Education nationale intervenant dans la prise en charge des jeunes sortis sans diplôme ni un niveau suffisant de qualification : établissements, CIO (Centre d’information et d’orientation), MLDS (Mission de Lutte contre le décrochage scolaire), structures de retour à l’école (SRE) de type microlycée.

 

4.2.2 Des exemples de dispositifs et de structures au sein de l’éducation nationale

 

  • DAIP : Le DAIP[2] (Dispositif d’Accompagnement Individualisé et Personnalisé vers la qualification et l’emploi) est un dispositif de l’Education Nationale s’adressant à des jeunes de 16 à 25 ayant quitté le système scolaire depuis moins d’un an. Il a pour objectif d’accompagner ces jeunes dans l’élaboration de leur projet scolaire ou professionnel, de les aider à la (re)préparation d’un examen. Pour ce faire le DAIP met en place des parcours individualisés permettant à chacun d’aboutir à ses objectifs par l’intermédiaire de cours, d’immersions en établissement scolaire ou en entreprise. Les DAIP sont uniquement déployés sur l’Académie Nancy Metz.

  • Les Plates formes de Suivi et d’Appui aux Décrocheurs (PSAD) [3]: Les plates-formes de suivi et d’appui aux décrocheurs sont un mode de coordination des acteurs locaux de la formation, de l’orientation et de l’insertion des jeunes mis en place en 2011. Objectif : apporter une réponse personnalisée et rapide à chaque jeune de plus de 16 sans diplôme et sans solution.

  • Le Micro lycée : Les micros lycées font partie des SRE (Structures de Retour à l’École). Pour pouvoir accéder à ce dispositif, les jeunes doivent remplir plusieurs conditions : avoir plus de 16 ans ou 18 ans selon le projet poursuivi ; être allé au moins jusqu’à la classe de 3ème ; avoir interrompu leur scolarité 6 mois et souhaiter préparer un baccalauréat général, technologique ou professionnel. Plusieurs parcours sont proposés en fonction des situations : un parcours d’accueil, un parcours préparatoire et un parcours terminal.

  • DCLH : Dispositif collège lycée à l’hôpital

Le DCLH, rattaché à la cité scolaire Jacques Callot de Vandoeuvre-lès-Nancy, a été lancé en 2012 sous l’impulsion de l’association AISCOBAM (aide scolaire bénévole aux adolescents malades).

Un partenariat existe avec cette association, le Centre Psychothérapique de Nancy à Laxou, le rectorat de Nancy-Metz, et le CHRU. Sept professeurs sont mobilisés à mi-temps par le rectorat et 50 enseignants bénévoles par l’association.

L’objectif de ce dispositif est d’assurer la poursuite de la scolarisation des élèves hospitalisés et de maintenir un lien avec le système scolaire. Il s’agit surtout de permettre un retour sur les bancs de l’école sans lacune.

  • DISSCO Dispositif de scolarisation

Le DISSCO est un dispositif unique dans l’académie de Nancy-Metz depuis 2008 et une véritable passerelle entre le milieu médical et le milieu scolaire. Ce dispositif accueille une vingtaine d’adolescents venant de toute l’académie, de la 4ème à la Terminale. Ces élèves en rupture scolaire présentent des troubles psychologiques particuliers (anxiété, anorexie …) et sont suivis par la clinique psychiatrique Mathilde Salomon située à proximité de la cité scolaire.

La priorité du DISSCO est d’adapter au mieux les apprentissages pour chacun de ces élèves tout en tenant compte de leur situation personnelle. L’enseignement dispensé en cours individuels et/ou en petits groupes (principalement en histoire-géographie, EMC, Lettres et Sciences) permet de renforcer les savoirs fondamentaux, de donner du sens aux apprentissages et de susciter à nouveau le plaisir d’apprendre.  

Le partenariat étroit entre la clinique et le DISSCO offre à ces élèves fragiles une possibilité de retour en classe complète tout en ayant une prise en charge médicale et thérapeutique régulière et conséquente. L’élève et le patient sont au cœur des préoccupations de ce dispositif.

 

4.2.3 Des acteurs et des dispositifs extérieurs

  • Mission Locale[4] : (Ministère du travail) Les missions locales ont été créées pour favoriser l’insertion professionnelle et sociale des jeunes âgés de 16 à 25 ans. Leurs domaines d’intervention sont variés : emploi, formation, logement, santé, mobilité, et loisirs entre autres. Les missions locales sont appuyées par les Permanences d’Accueil, d’Information et d’Orientation (PAIO).

  • EPIDE[5] : (Ministère du travail, Ministère de la cohésion des territoires) L’Établissement pour l’insertion dans l’emploi (EPIDE) aide les jeunes de 18 à 25 ans qui ont le plus de difficultés à trouver un travail ou une formation.

  • SMV[6] (Service Militaire Volontaire) : (Ministère des Armées) Le SMV est une contribution du ministère des Armées dans le domaine de l’insertion citoyenne et professionnelle de jeunes Français de métropole et de l’étranger âgés de 18 à 25 ans exclus du marché de l’emploi.

  • École de la Deuxième Chance (E2C)[7] : (Ministère du Travail) Les Écoles de la 2ème Chance (E2C) sont nées pour offrir une solution aux 100 000 jeunes qui sortent du système scolaire chaque année sans diplôme ni qualification et se retrouvent confrontés à la difficulté de rentrer dans le monde du travail. L’École de la 2e Chance est une formation rémunérée de 7 mois en alternance pour les jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire, sans diplôme ni qualification.

 

4.2.4 D’autres exemples de dispositifs innovants

 

Certaines académies ou certains lycées font preuve de créativité dans la lutte contre le décrochage scolaire, et prennent en compte des particularités locales. Il est difficile de faire une liste exhaustive de ces dispositifs innovants, mais des exemples précis peuvent donner un éclairage certain sur ces expériences de terrain. Il est important de souligner que ces innovations qui prennent la forme de structures (SRE : Structure de Retour à l’Ecole[8]) sont encouragées par le ministère à se développer massivement :

 

  • le CLEPT: Établissement public ouvert en 2000 et rattaché administrativement au Lycée Emmanuel MOUNIER à Grenoble, le CLÉPT (Collège Lycée Elitaire Pour Tous[9]) s’adresse aux « décrochés / décrocheurs » de collèges (y compris SEGPA, sections d’enseignement général et professionnel adapté) ou de tous types de lycées (professionnels, techniques ou généraux) âgés de 15 à 23 ans, souhaitant reprendre une scolarité.

  • PIL : le Pôle Innovant Lycéen[10] accueille depuis 2000 des décrocheurs franciliens âgés de 16 ans minimum et volontaires pour revenir dans l’école. Accompagnés individuellement en tutorat par l’équipe éducative tout au long de l’année, les élèves du PIL travaillent autour de la construction de leur projet personnel.

  • SAPPEJ[11] : Service D’Activités Psycho-Pédagogiques et Éducatives de Jour. Le SAPPEJ reçoit des parisiens, garçons et filles âgés de 11 à 16 ans. L’objectif est de permettre à ces jeunes de réamorcer les apprentissages et de leur redonner l’envie d’apprendre, ce qui suppose un apaisement des relations avec les adultes et l’institution scolaire et aussi une reprise de confiance en soi et en ses capacités.

  • Les ESPI : Établissements Scolaires Publics Innovants[12], réunis au sein d’une fédération (la FESPI). Les ESPI sont des écoles, collèges et lycées expérimentaux publics avec deux missions principales : proposer une offre alternative à tous les élèves, accueillir un public spécifique de décrocheurs.
  • Relevant du ministère des Outre-mer, le service militaire adapté (SMA[13]) est un dispositif militaire d’insertion socioprofessionnelle des jeunes ultramarins, de 18 à 25 ans, éloignés du marché de l’emploi. En 2015, 5 764 jeunes ultramarins en difficulté en ont bénéficié. Le dispositif affiche un taux de sorties dynamiques de 76,3%

 

À souligner : le 5 août 2020 a été adopté un décret rendant obligatoire la formation professionnelle jusque l’âge de 18 ans. Cette mesure met donc des établissements comme les CFA (Centre de Formation des Apprentis) sous le feu des projecteurs, et appelle donc à une redéfinition de ses missions.

 

[1] https://www.education.gouv.fr/bo/13/Hebdo14/MENE1306159C.htm

[2] http://www.ac-nancy-metz.fr/dispositif-d-aide-a-l-insertion-professionnelle-daip-36274.kjsp?RH=PLANSITEWWW&RF=RDECROCHDAIP

[3] http://observatoire-reussite-educative.fr/dispositifs/dossier-PSAD

[4] https://travail-emploi.gouv.fr/ministere/service-public-de-l-emploi/article/missions-locales

[5] https://www.epide.fr

[6] https://www.defense.gouv.fr/smv

[7] https://reseau-e2c.fr/

[8] https://eduscol.education.fr/1613/prise-en-charge-des-jeunes-en-situation-de-decrochage-scolaire

[9] http://leclept.org

[10] https://pilparis.org

[11] https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_693004/fiche-sappej?details=true

[12] https://www.fespi.fr

[13] https://www.le-sma.com

 

5. Des difficultés persistantes

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Malgré la constitution de réseaux qui permettent une meilleure communication entre les différents acteurs et une amélioration de l’efficience de leur action, d’importants freins subsistent et il ne faut pas négliger l’impact qu’ils peuvent avoir dans la lutte contre le décrochage scolaire.


On peut ainsi souligner l’importance du contact avec les familles. Celui-ci peut être très difficile à tisser et à maintenir pour un enseignant, pour un établissement. En effet, la réussite d’un suivi ou d’un repérage peut souvent ne relever, en première intention, que d’une seule personne, d’une seule structure qui sera parvenue à instaurer et entretenir une relation de confiance avec la famille d’un élève décrocheur ou en voie de décrochage.

Ainsi, la personnalisation de ce lien à travers un interlocuteur unique peut poser la question du suivi de son action lorsque des évolutions de carrière l’éloignent de son territoire d’action. C’est l’ensemble d’un réseau qui peut ainsi se retrouver fragilisé lorsque
la chaîne de transmission est rompue avec des familles. Ce phénomène est encore amplifié quand celles-ci ont des difficultés pour échanger avec une administration.

  
De plus, malgré tous les efforts entrepris dans la liaison entre le premier et le second degré, notamment avec l’entrée en vigueur de la logique des cycles, certaines difficultés persistent, et elles relèvent bien souvent des différences de fonctionnement entre le premier degré et le second degré.


Le nombre conséquent de dispositifs, adaptés à des situations toutes compliquées et qui nécessitent toutes des approches personnalisées s’ajoute à des méconnaissances mutuelles des modes de fonctionnement propres à chaque administration ou chaque opérateur. On peut aussi citer les limites imposées par le secret médical, la confidentialité des données personnelles, le droit à l’oubli, les modalités différentes d’action dans le secteur public et dans le secteur privé.


Dans cette optique, et pour affiner davantage cette question des causes structurelles, on peut s’intéresser au rapport de la Cour des Comptes sur « les dispositifs et les crédits alloués en faveur des jeunes sortis sans qualification du système scolaire», datant de décembre 2015. Ce rapport[1] titre par exemple en chapitre I, que les «réponses sont multiples mais non coordonnées», à cause d’une «gouvernance multiple». De la même façon, le rapport cible des alternatives peu nombreuses en dehors de la rescolarisation.

 

[1] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-dispositifs-et-les-credits-mobilises-en-faveur-des-jeunes-sortis-sans

 

6. Des témoignages d’acteurs de terrain

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Le DISSCO


 


DAIP du lycée La Briquerie de Thionville


Mesdames Renaux et Papa, coordinatrices du DAIP (Dispositif d’Accompagnement Individualisé et Personnalisé vers la qualification et l’emploi) du lycée la Briquerie de Thionville nous présentent leurs actions.

 

 

Rémi et Julien, anciens élèves, nous présentent leurs parcours.

 

 


DAIP du lycée Cyfflé de Nancy


Romain et Charlène, anciens élèves du DAIP (Le DAIP (Dispositif d’Accompagnement Individualisé et Personnalisé vers la qualification et l’emploi), nous présentent leurs parcours.

Des témoignages recueillis par la CARDIE de Nancy-Metz, dans le cadre de la lettre de la pédagogie dédiée à la persévérance scolaire.  

 


Collège Pierre Adt de Forbach


Situé en zone REP+, le collège Pierre Adt de Forbach propose de nombreux projets et dispositifs pensés pour les élèves. L’équipe est également très impliquée dans la lutte contre le décrochage scolaire. La parole est aux acteurs de cette lutte, sous la forme d’échanges simples, en vidéo.    

7. Ressources documentaires

8. Le mot des rédacteurs

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Lorsque j’ai accepté de prendre en charge la rédaction d’une Lettre de la Pédagogie portant sur le décrochage scolaire, je me suis dit, d’emblée, qu’une telle problématique alimentait de toute façon mon quotidien d’enseignant en REP+.

J’étais loin de m’imaginer à quel point je pouvais être néophyte dans un univers devenu un véritable domaine d’experts. En me rapprochant des personnes investies dans cette lutte contre le décrochage, au sens large, j’ai découvert une multitude d’acteurs, et l’effort considérable qui était consenti pour re-mobiliser les élèves, prévenir les situations de décrochage, établir des stratégies d’accompagnement…

 Je tenais à remercier l’ensemble de ces personnes souvent passionnés par leur mission.

Merci également à Pierre Montagne, qui m’a accompagné dans cette Lettre, qui a nécessité un esprit de synthèse particulièrement pointu, et qui m’a initié aux différents champs de définition de cette thématique. Merci à Frédéric Amella, Omar Kaced, Laurence Pesin, Laurent Linden, Christelle Janot, pour leur aide précieuse.

Pierre OSWALD, professeur d’histoire-géographie, chargé de mission CARDIE

 

Avoir été associé à la Lettre de la Pédagogie sur la thématique de la persévérance scolaire a été pour moi source de rencontres et d’échanges très constructifs autour de ce sujet, ô combien d’actualité. Pour reprendre une expression de Pierre OSWALD lors de nos rencontres : « Cette Lettre de la Pédagogie est un bel écrit à plusieurs plumes ». Je compléterais sa phrase en ajoutant « … et à partir de regards multiples », chacun ayant questionné la notion du décrochage scolaire de sa place (personnels des EPLE, corps d’inspection, Psy-EN, coordonnateurs de dispositif, personnels SAIO/MLDS, chercheurs …) sans oublier les élèves et leur famille.

Ces temps d’échanges ont, sans aucun doute, permis de renforcer les liens avec les professionnels qui, au quotidien, questionnent leurs pratiques et développent des actions innovantes pour développer l’esprit de persévérance scolaire chez les élèves.

Nous espérons tous que cette Lettre de la Pédagogie permettra aux acteurs de l’Education nationale de trouver de nouvelles pistes pour accrocher leurs élèves dans les apprentissages et s’emparer des outils mis à leur disposition, notamment par la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS).

Pierre MONTAGNE, Coordonnateur académique de la MLDS