REMARQUE : la mise en ligne de cette lettre de la pédagogie sera progressive
Les nouveaux enjeux sociétaux, économiques, technologiques et réglementaires constituent des défis pour les entreprises, mais également pour les salariés.
Les transformations induites ont progressivement fait émerger de nouveaux métiers. La prise en compte de l’évolution des métiers est un enjeu certes de compétitivité pour les entreprises, mais également d’employabilité et d’insertion réussie pour les apprenants.
Même si peu de nouveaux métiers apparaissent, les fonctions qui seront exercées dans dix ou vingt ans se transformeront certainement plus ou moins imperceptiblement au fil des ans et demanderont d’être capables d’acquérir en permanence de nouvelles compétences.
L’évolution des métiers et des compétences : quels sont les principaux facteurs d’évolution des métiers ? Comment la formation professionnelle s’empare de ce sujet ?
Sur cette thématique, ce numéro 9 de la lettre de la pédagogie, destiné à tous les acteurs de l’académie de Nancy-Metz, a pour ambition de sensibiliser chacun sur ces évolutions qui impacteront nos pratiques.
Plusieurs facteurs semblent être prédominants pour expliquer la transformation des emplois ces dernières années. Deux d’entre eux, la mondialisation et la métropolisation, renvoient à la répartition géographique des emplois. Quatre autres – transition énergétique, réglementation, innovation et digitalisation – ont des conséquences immédiates sur l’émergence de nouveaux métiers ou de nouvelles compétences requises pour exercer les emplois proposés.
LA MONDIALISATION
En France, près d’un salarié sur deux du secteur marchand non agricole dépend d’entreprises multinationales sous contrôle français ou étranger. Le phénomène de mondialisation ne touche pas que les multinationales. Aujourd’hui, les PME aussi sont de plus en plus fréquemment en contact avec des entreprises, clientes ou fournisseurs, installées à l’étranger. En conséquence, bon nombre de postes (notamment de cadre), comporte une dimension internationale (déplacements à l’étranger, travail avec des fournisseurs, filiales, des managers ou collaborateurs installés à l’étranger, etc.). Cela nécessite non seulement la maîtrise d’une ou plusieurs autres langues que le français, mais également de réussir à travailler dans un environnement collaboratif, multiculturel.
LA MÉTROPOLISATION : une répartition très inégale de l’emploi sur le territoire
Les activités à forte valeur ajoutée qui regroupent un nombre important de cadres ont tendance à se concentrer dans les grandes métropoles, où l’on trouvera également des centres de recherche, des universités, des activités créatives. En France, 17 bassins d’emploi regroupent 60 % des cadres, mais seulement 34 % de la population et 44 % de l’emploi total. Alors que les « métiers fragiles » au niveau national (métiers agricoles, ouvriers industriels, certains employés administratifs) sont davantage situés dans les aires de moins de 100 000 habitants et en dehors des grandes aires urbaines, les métiers à fort potentiel de création d’emplois sont plus souvent présents dans les métropoles.
Développer des aptitudes et préparer à la mobilité, favoriser la mobilité géographique et professionnelle, avec un accompagnement, des élèves, des apprentis et des étudiants, renforcent leurs compétences et accroissent leur employabilité.
LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Appelée aussi transition écologique, celle-ci permet d’aller vers un modèle économique et social de développement plus durable. La transformation énergétique est considérée comme une opportunité pour développer de nouvelles filières industrielles en France. Si dans l’industrie de nouveaux métiers se sont développés notamment des métiers de niche comme ceux, d’expert bilan-carbone ou chargé de mission et manager énergie; c’est l’ensemble des métiers qui ont été directement impactés et nécessitent de nouvelles compétences ; les ingénieurs moteur, matériaux, thermicien, concepteur par exemple, doivent au quotidien concevoir des produits plus respectueux de l’environnement, recyclables, devant permettre des économies d’énergie et être plus durables. Dans le domaine bancaire, cette dimension est particulièrement importante pour flécher des financements et des prêts favorisant cette transition énergétique. De son côté, le secteur de la culture a également intégré cette dimension, notamment pour réduire les nuisances dans les festivals (éco-festivals). Dans de nombreuses fonctions, il peut être demandé d’avoir une sensibilité forte aux enjeux de la transition énergétique et, de manière plus large, à la responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise. Ainsi elles sont à même de proposer des solutions d’économie d’énergie, de recyclage, d’utilisation de produits «verts», d’isolation thermique des locaux.
Les enjeux éducatifs et les principes du développement durable sont inscrits dans les programmes d’enseignement de l’école primaire, du collège et du lycée général, technologique et professionnel, dans une continuité pédagogique qui permet aux élèves de s’approprier les connaissances et les compétences de futurs citoyens sous l’angle du développement durable, tout au long de leur scolarité. La formation au développement durable se joue au niveau du projet d’école ou d’établissement dans le cadre d’une double mise en cohérence : d’une part entre les enseignements et les diverses formes de projets pédagogiques ; d’autre part entre les activités conduites dans l’école ou l’établissement et les territoires proches où l’on puisera des exemples ou des études de cas et où l’on mettra en œuvre les partenariats possibles.
L’ÉVOLUTION RÉGLEMENTAIRE
La place toujours croissante des réglementations constitue un facteur d’évolution majeur et concerne tous les secteurs. Les textes réglementaires peuvent avoir été écrits sous la pression ou pour répondre à des problématiques structurelles pour développer la prévention des risques pour la santé de la population et la sécurité des citoyens, ou encore assurer la protection des données sous l’impact du développement du numérique. Dans le secteur sanitaire, social et médicosocial, une succession de lois est venue renforcer son encadrement, entraînant un développement des normes, de la traçabilité, des certifications et de l’évaluation. De même, au niveau européen, le nouveau règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) oblige les entreprises à se conformer aux dispositions du règlement. En outre, les entreprises françaises et européennes à réfléchissent aux conséquences d’un stockage non maîtrisé de leurs données sur des serveurs basés à l’étranger, et notamment aux États-Unis. Cela renvoie à des problématiques de stockage, de protection des données et de maîtrise du cyber sécurité.
Les professionnels doivent intégrer dans leurs pratiques les évolutions permanentes des contraintes réglementaires et de tous les aspects législatifs.
L’INNOVATION
Une partie importante de l’emploi est portée par des dynamiques d’innovation, notamment dans des secteurs que sont l’ingénierie-R&D et l’informatique. L’innovation « verte », l’usine ou le bâtiment du futur, l’impression 3D et la production additive, les véhicules autonomes, etc. jouent un rôle moteur dans les politiques de recherche. Cependant, l’innovation se développe également dans de nombreux autres domaines, notamment ceux qui concernent les usages (touchant le marketing, la formation, etc.), l’organisation et le montage de projets : travail collaboratif, méthodologies agiles, etc. Les produits sont conçus pour répondre à un cahier des charges précis du marketing et demandant de bien comprendre les besoins complexes et leur adéquation aux contraintes réglementaires. Les métiers de la production industrielle sont eux aussi touchés par le besoin d’innovation afin de répondre aux besoins de fiabilité, qualité, baisse des coûts et maîtrise des dépenses d’énergie. Dans le secteur sanitaire et social, le chargé de développement doit monter des projets innovants en utilisant des techniques de management de projets transverses.
Une fonction comme concepteur de Mooc relève quant à elle de ce développement de méthodes innovantes dans le domaine de la formation, permis par les possibilités données par le numérique.
La transformation des métiers n’est pas la même dans toutes les entreprises et dans tous les secteurs, en fonction des évolutions technologiques, de l’ouverture de l’entreprise sur l’extérieur et des contraintes de leur marché.
Nous avons choisi de faire un focus sur différents secteurs professionnels au travers de témoignages d’acteurs de terrains : industrie, services à la personne, artistique, tertiaire, bâtiment, services à la personne, tertiaire, artistique et enseignement.
Pour notre premier témoignage nous avons évoqué la question des nouveaux enjeux de recrutement des entreprises industrielles avec la société EGGER, à Rambervillers, que nous remercions pour son accueil.