Laïcité à l’École et valeurs de la République française

Depuis la deuxième moitié du 19e siècle, l’école, en France, joue un rôle essentiel dans la transmission des valeurs de la République. Pourtant, on sait bien que ces valeurs doivent toujours être rappelées, à temps et à contre-temps.

L’académie de Nancy-Metz apporte sa contribution particulière avec cette page qui se veut évolutive en fonction des retours des uns et des autres. On y trouvera un ensemble de ressources proposées par divers services pour le plus grand bénéfice, nous l’espérons, des professeurs et de leurs élèves, mais aussi de leurs parents et, plus largement, de tous les acteurs de l’institution scolaire.

C’est là une façon d’affirmer avec force que les valeurs de la République sont l’affaire de tous.



Textes fondateursLes valeurs de la République dans les champs disciplinairesDes mots pour en parlerParler des attentats avec des élèvesPour aller plus loin

Textes français


Edit de Nantes ou Edit de tolérance avril 1598 :

Nous permettrons à ceux de ladite Religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés, ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d’icelle être recherchés ès maisons et lieux où ils voudront habiter (…).

Ordonnons qu’il ne sera fait différence ni distinction, pour le fait de ladite religion, à recevoir les écoliers pour être instruits ès universités, collèges et écoles, et les malades et pauvres ès hôpitaux, maladreries et aumônes publiques (…)

Déclaration des droits de 1789 :

Article 10 : Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.

Constitution de l’An III (1795) :

Article 354 : Nul ne peut être empêché d’exercer le culte qu’il a choisi. Nul ne peut être forcé de contribuer aux dépenses d’un culte. La République n’en salarie aucun.

Discours de Jules Ferry au congrès pédagogique des instituteurs du 25 avril 1881 :

Nous nous entendons bien, nous ne rééditons pas ici la formule qui fut célèbre dans les dernières années de l’établissement si difficile, si contesté de la République, cette formule du fonctionnaire qui disait : « Je ne fais pas de politique ». Nous ne l’entendons pas ainsi : je ne dirai pas, et vous ne me laisseriez pas dire qu’il ne doit y avoir dans l’enseignement primaire, dans votre enseignement, aucun esprit, aucune tendance politique. A Dieu ne plaise ! Pour deux raisons : d’abord, n’êtes-vous pas chargés, d’après les nouveaux programmes, de l’enseignement civique ? C’est une première raison. Il y en a une seconde, et plus haute, c’est que vous êtes tous les fils de 1789 ! Vous avez été affranchis comme citoyens par la Révolution française, vous allez être émancipés comme instituteurs par la République de 1880 : comment n’aimeriez-vous pas et ne feriez-vous pas aimer dans votre enseignement et la Révolution et la République ?

Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de presse :

La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse abroge l’article 1er de la loi du 25 mars 1822 faisant « délit de l’outrage aux religions reconnues par l’État par voie de presse ou par tout autre moyen de publication ». Toutefois cette loi distingue également le blasphème de la diffamation, l’injure ou la provocation à la haine ou la violence qui demeurent des infractions, y compris lorsqu’elles concernent la sphère religieuse. Jusqu’en 2017, cette loi ne s’appliquait pas de la même manière en Alsace et en Moselle où l’article 166 du Code pénal stipulait : « Celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération […], sera puni d’un emprisonnement de trois ans au plus ». Toutefois ces dispositions étaient tombées en désuétude et n’avaient donné lieu à aucune condamnation depuis très longtemps. Cet article est donc abrogé par l’article 172 de la loi n°  2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté.

Discours de Jules Ferry à la Chambre des députés le 11 mars 1882 :

Si un instituteur public s’oubliait assez pour instituer dans son école un enseignement hostile, outrageant pour les croyances religieuses de n’importe qui, il serait aussi sévèrement et rapidement réprimé que s’il avait commis cet autre méfait de battre ses élèves ou de se livrer contre eux à des sévices coupables.

Loi du 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire :

Article 1 : L’enseignement primaire comprend :

L’instruction  morale et civique …(suit la liste de toutes les disciplines enseignées)

Article 2 : Les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires. L’enseignement religieux est facultatif dans les écoles privées.

Loi sur l’instruction primaire, 28 juin 1883 :

Toute commune est tenue (…) d’entretenir au moins une école primaire élémentaire (…)

Tout département sera tenu d’entretenir ( …) une école normale primaire.

Extraits de la lettre circulaire de Jules Ferry aux instituteurs du 27 novembre 1883 :

Il a paru tout naturel que l’instituteur, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage et du calcul(…)

Le législateur n’a voulu faire de vous ni un philosophe, ni un théologien improvisé. Il ne vous demande rien qu’on ne puisse demander à tout homme de cœur et de sens. Il est impossible que vous voyiez chaque jour tous ces enfants qui se pressent autour de vous, écoutant vos leçons, observant votre conduite, s’inspirant de vos exemples, à l’âge où l’esprit s’éveille, où le cœur s’ouvre, où la mémoire s’enrichit, sans que l’idée vous vienne aussitôt de profiter de cette docilité, de cette confiance, pour leur transmettre, avec les connaissances scolaires proprement dites, les principes mêmes de la morale, j’entends simplement de cette bonne et antique morale que nous avons reçue de nos pères et que nous nous honorons tous de suivre dans les relations de la vie sans nous mettre en peine d’en discuter les bases philosophiques (…)

Parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l’on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu’il s’agit d’une vérité incontestée, d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge (…)

C’est dire qu’elles attendent de vous non des paroles, mais des actes, non pas un enseignement de plus à inscrire au programme, mais un service tout pratique que vous pourrez rendre au pays plutôt encore comme homme que comme professeur (…)

On a compté sur vous pour leur apprendre à bien vivre par la manière même dont vous vivez avec eux et devant eux (…)

L’enfant qui sait reconnaître et assembler des lettres ne sait pas encore lire ; celui qui sait les tracer l’une après l’autre ne sait pas écrire. Que manque-t-il à l’un et à l’autre ? La pratique, l’habitude, la facilité, la rapidité et la sûreté de l’exécution. De même, l’enfant qui répète les premiers préceptes de la morale ne sait pas encore se conduire : il faut qu’on l’exerce à les appliquer couramment, ordinairement, presque d’instinct ; alors seulement la morale aura passé de son esprit dans son cœur, et elle passera de là dans sa vie ; il ne pourra plus la désapprendre (…)

Mais, vous le voyez, à ces trois degrés, ce qui importe, ce n’est pas l’action du livre, c’est la vôtre. Il ne faudrait pas que le livre vînt en quelque sorte s’interposer entre vos élèves et vous, refroidir votre parole, en émousser l’impression sur l’âme de vos élèves, vous réduire au rôle de simple répétiteur de la morale. Le livre est fait pour vous, non vous pour le livre. Il est votre conseiller et votre guide, mais c’est vous qui devez rester le guide et le conseiller par excellence de vos élèves.

Loi du 30 octobre 1886 sur l’organisation de l’enseignement primaire, dite « Loi Goblet » :

Toute commune doit être pourvue au moins d’une école primaire publique (…)

Dans les écoles publiques de tout ordre, l’enseignement est exclusivement confié à un personnel laïque (…)

Sont interdites aux instituteurs et institutrices publics de tout ordre les professions commerciales et industrielles et les fonctions administratives.

Sont également interdits les emplois rémunérés ou gratuits dans les services des cultes.

Lettre aux instituteurs et institutrices de Jean Jaurès parue dans la Dépêche de Toulouse, 15 janvier 1888

Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication.

Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme.

Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation (…).

Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage.

J’entends dire, il est vrai : « À quoi bon exiger tant de l’école ? Est-ce que la vie elle-même n’est pas une grande institutrice ? Est-ce que, par exemple, au contact d’une démocratie ardente, l’enfant devenu adulte ne comprendra point de lui-même les idées de travail, d’égalité, de justice, de dignité humaine qui sont la démocratie elle-même ? » — Je le veux bien, quoiqu’il y ait encore dans notre société, qu’on dit agitée, bien des épaisseurs dormantes où croupissent les esprits. Mais autre chose est de faire, tout d’abord, amitié avec la démocratie par l’intelligence ou par la passion (…).

Il ne faut pas croire que ce soit proportionner l’enseignement aux enfants que de le rapetisser. Les enfants ont une curiosité illimitée, et vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde. Il y a un fait que les philosophes expliquent différemment suivant les systèmes, mais qui est indéniable : « Les enfants ont en eux des germes, des commencements d’idées. » Voyez avec quelle facilité ils distinguent le bien du mal, touchant ainsi aux deux pôles du monde ; leur âme recèle des trésors à fleur de terre : il suffit de gratter un peu pour les mettre à jour. Il ne faut donc pas craindre de leur parler avec sérieux, simplicité et grandeur (…).

Loi de séparation des Eglises et de l’Etat, 1905

(NB : parfois considérée par certains historiens comme la « seconde séparation » après la tentative de 1795 qui se solde par le concordat de 1801).

Article 1 : La République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public.

Article 2 : La République ne reconnait ni ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Constitution de 1958 :

Article 2 : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

Loi Debré du 31 décembre 1959 :

Article 1 : Suivant les principes définis dans la Constitution, l’Etat assure aux enfants et adolescents dans les établissements publics d’enseignement la possibilité de recevoir un enseignement conforme à leurs aptitudes dans un égal respect de toutes les croyances.

L’Etat proclame et respecte la liberté de l’enseignement et en garantit l’exercice aux établissements privés régulièrement ouverts.

Il prend toutes dispositions utiles pour assurer aux élèves de l’enseignement public la liberté des cultes et l’instruction religieuse.

Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus ci-dessous, l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’Etat. L’établissement,  tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinions ou de croyance, y ont accès.

Avis du Conseil d’Etat du 27 novembre 1989 (affaire des foulards de Creil)

(…) dans les établissements scolaires, le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l’exercice de la liberté d’expression et de manifestation des croyances religieuses ; mais (…) cette liberté ne saurait permettre aux élèves d’arborer des signes d’appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porterait atteinte à la dignité ou à la liberté de l’élève ou d’autres membres de la communauté éducative, compromettraient leur santé ou leur sécurité, perturberaient le déroulement des activités d’enseignement et le rôle éducatif des enseignants, enfin troubleraient l’ordre dans l’établissement ou le fonctionnement normal du service public.

Arrêt du Conseil d’Etat du 2 novembre 1992 (affaire des foulards de Montfermeil)

Cet arrêt annule l’article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de Montfermeil, en vertu duquel des sanctions avaient été prises contre des élèves porteuses du foulard :

(…) par la généralité de ses termes, ledit article institue une interdiction générale et absolue, en méconnaissance (…) notamment de la liberté d’expression reconnue aux élèves dans le cadre des principes de neutralité et de laïcité de l’enseignement public.

Loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.

Article 1

Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève.

Loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public :

Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage.

L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public.

L’interdiction prévue à l’article 1er ne s’applique pas si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires, si elle est justifiée par des raisons de santé ou des motifs professionnels, ou si elle s’inscrit dans le cadre de pratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles.


Textes étrangers et / ou internationaux


La Paix de Westphalie, 1648

Elle met fin à la guerre de Trente ans en reconnaissant explicitement la division confessionnelle de la chrétienté. Cette paix contribue aussi à définir la souveraineté nationale de manière totalement inédite puisqu’elle réserve aux princes le droit d’imposer leur propre choix confessionnel à tous leurs sujets et fait du domaine religieux une prérogative de l’État.

Habeas corpus Act, 1679 (Royaume d’Angleterre)

Attendu qu’il a été usé de grands retards par les shérifs, à envoyer les ordonnances d’habeas corpus qui leur ont été adressées, en conséquence de quoi beaucoup de sujets du roi ont été longtemps retenus en prison dans des cas où légalement ils sont libérables sous caution, pour prévenir ceci, qu’il soit édicté par Sa Très Excellente Majesté le Roi, par et avec le conseil et le consentement des Lords spirituels et temporels ainsi que des Communes en ce présent Parlement assemblés, et par leur autorité que chaque fois qu’une ou des personnes produira ou produiront une ordonnance d’habeas corpus adressée à un ou des shérifs, que lesdits officiers ou leurs subordonnés, dans les trois jours qui suivent la présentation de ladite ordonnance, renvoient ladite ordonnance et amènent ou fassent amener en personne l’individu en cause, devant le ou en présence du lord Chancelier ou du lord Gardien du Grand Sceau d’Angleterre, ou devant les juges ou barons de ladite cour d’où émane ladite ordonnance; et alors certifient les vraies causes de sa détention ou de son emprisonnement (…).

Déclaration universelle des droits de l’homme, 10 décembre 1948

Article 18

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction ; seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

Convention européenne des droits de l’homme, 4 novembre 1950

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, 16 décembre 1966

Article 13

Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à l’éducation. Ils conviennent que l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de sa dignité et renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils conviennent en outre que l’éducation doit mettre toute personne en mesure de jouer un rôle utile dans une société libre, favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux, ethniques ou religieux et encourager le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix (…)

Les États parties au présent Pacte s’engagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux, de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics, mais conformes aux normes minimales qui peuvent être prescrites ou approuvées par l’État en matière d’éducation, et de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions.

Cette rubrique sera progressivement enrichie.

Une publication des doyens de l’Inspection générale en 2015, avec la contribution de chaque discipline ou domaine :



Histoire
L’histoire est une discipline qui s’intéresse à la conquête des avancées républicaines, en tant que science humaine et sociale. La succession des régimes politiques a fortement jalonné des programmes qui ont privilégié, par le passé, une histoire politique et institutionnelle. L’influence de nouveaux courants historiographiques comme l’Ecole des Annales a permis ensuite de diversifier les approches en sortant du portrait des grands personnages et en donnant une place à la micro-histoire ou aux faits sociaux. Il s’agit alors de rappeler par exemple l’influence des mouvements ouvriers sur les conquêtes sociales, contribuant ainsi à une autre forme de « roman national », constitutif d’une identité au même titre que la mémorisation des dynasties royales et des régimes politiques.
Mais au-delà de l’objet enseigné, l’histoire structure la pensée et aiguise le raisonnement, avec un objectif conforme aux valeurs de notre République : la recherche de vérité. Pour atteindre cet objectif, l’historien développe des stratégies, notamment par le recoupement des sources et par le regard critique sur toute forme de témoignage du passé. Les élèves, encore davantage en lycée, sont invités à s’initier à l’argumentation historique. Toute démarche historique sous-entend d’accepter des faits historiques (« Tout ne se vaut pas »). Cependant, si les preuves scientifiques de la présence de Christophe Colomb sur le nouveau continent sont incontestables, les conséquences de cette découverte entraînent des interprétations différentes, qui laissent la place au débat historique. Ainsi le professeur doit garder à l’esprit que tout enseignement de l’histoire signifie de s’appuyer sur : des faits, mais aussi des représentations sociales des élèves, et une initiation à l’interprétation historique de ces faits. C’est ainsi que l’on peut comprendre la compétence de cycle 4 « Raisonner et justifier en histoire ».

Géographie

La géographie est d’abord une compréhension des territoires (au-delà des espaces, il s’agit bien des sociétés humaines et de leurs acteurs) et une rencontre avec l’autre à différentes échelles. Cette rencontre passe par une conscience de l’humanité sur un territoire qui s’appelle la Terre, mais parfois aussi tout simplement de l’autre en tant que voisin, sur des territoires fracturés à de très grandes échelles.Si l’histoire enseigne la constitution progressive d’une conscience républicaine en France, cette intégration dans l’objet même d’enseignement va moins de soi en géographie.Pourtant à l’origine de l’enseignement de la géographie scolaire, on trouve « l’enquête Emile Levasseur » en 1871 qui indique : « La plupart des professeurs, trop occupés de leur cours d’histoire, négligent complètement le cours de géographie. Ils ne font plus que de la géographie historique, à mesure que les questions se présentent dans leurs cours ». La méconnaissance de l’allemand et de la patrie française serait à l’origine de la défaite de 1870 et la géographie devient la discipline reine pour ancrer la République à la fin du 19è siècle. Si les années 1960 la réduisent au rang des disciplines d’éveil, la nouvelle géographie la replace au carrefour des sciences humaines et sociales et à nouveau ciment de la République, mais aussi culture de l’autre. Lors d’un colloque en 2002, Michel Lussault affirme ainsi que la géographie doit tout d’abord être envisagée comme un outil de compréhension des sociétés, et non comme le décor de l’histoire. Jacques Lévy l’exprime d’une autre manière : « Les territoires ne sont pas que les conteneurs des sociétés ». Plus récemment l’introduction de la démarche prospective dans les programmes de cycles 3 et 4 encourage les élèves à proposer un avenir pour nos sociétés, loin de tout déterminisme ou fatalisme.


Économie et gestion

Faire vivre les valeurs de la République à travers les enseignements d’économie et gestion : Faire vivre les valeurs de la République à travers les enseignements d’économie et gestion


Enseignements artistiques

Les valeurs de la république et les enseignements artistiques : https://view.genial.ly/5fbb73cea5becd0d004837df


 

Arts plastiques

 

Éduquer aux valeurs par les valeurs : https://sites.ac-nancy-metz.fr/arts-plastiques/valeurs-de-la-republique/


Sciences économiques et sociales

La contribution des SES à la transmission des valeurs de la république : http://www4.ac-nancy-metz.fr/ses/wordpress/


Sciences de la vie et de la Terre
Comment apprendre aux élèves à distinguer savoirs scientifiques, opinions et croyances ?
Quelles relations entre enseignement des SVT, laïcité et le concept d’évolution ?
Quelles relations entre enseignement des SVT, laïcité et choix éthiques en matière de sexualité ?
En quoi l’enseignement des Sciences de la vie et de la Terre contribue-t-il à l’appropriation des valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité ?
Des éléments de réponse  dans les trois ressources ci-dessous :
▪Valeurs de la république et laïcité Rapport de l’IGEN 2015 – https://www.education.gouv.fr/valeurs-de-la-republique-et-laicite-rapport-igen-8162
▪Conférence : La laïcité dans la science et dans son enseignement. Savoirs, croyances, croyances religieuses, opinions. Guillaume Lecointre, Professeur au Museum d’histoire naturelle – https://video.umontpellier.fr/faculte-deducation/video/4640-guillaume-lecointre/

Éducation musicale et chant choral
Valeurs de la République en éducation musicale et chant choral : https://view.genial.ly/5fba30e7c48a490d289502c4

Mathématiques
Laïcité à l’École et valeurs de la République française : http://www4.ac-nancy-metz.fr/mathematiques/SPIP/spip.php?article367

EPS (Éducation Physique et Sportive)
L’EPS contribue à l’éducation de l’élève aux valeurs de la République : http://www4.ac-nancy-metz.fr/eps/site/dossiers/dossier.php?val=466_laicite-valeurs-republique

STI2D (Sciences et Technologies de l’Industrie et du Développement Durable)
L’enseignement de la technologie doit permettre de doter chaque futur citoyen d’une culture faisant de lui un acteur éclairé et responsable de l’usage des technologies et des enjeux éthiques associés.
Les ressources concernant cette discipline : https://www4.ac-nancy-metz.fr/sti2d/index.php?page=accueil

SI (Sciences de l’Ingénieur)
Apprentissage des valeurs de la République et de la laïcité : l’apport de la technologie

LETTRES

16 documents (poésies, discours, littérature, textes de réflexion et documents iconographiques) sont proposés au choix des professeurs comme supports pour la séance pédagogique du 2 novembre. Ils sont accompagnés de pistes d’analyse et de propositions d’activités en lien avec la défense de la liberté d’expression, des valeurs de la République et du rôle de l’École : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/021120/86/8/2_novembre_2020_documents_commentes_college-lycee_1343868.pdf

La contribution de l'enseignement du français à la formation civique et morale des élèves

Au collège comme au lycée, l’enseignement du français contribue fortement à la formation civique et morale des élèves : il permet de découvrir les grandes questions humaines soulevées par les œuvres littéraires, de les soumettre à un examen critique et de développer des compétences d’argumentation.

Au cycle 4, le travail est organisé à partir de quatre grandes entrées qui présentent la lecture et la littérature comme des ouvertures sur le monde : ces entrées, « Se chercher, se construire », « Vivre en société, participer à la société », « Regarder le monde, inventer des mondes », « Agir sur le monde », font l’objet de questionnements spécifiques par année, à travers lesquels l’élève est conduit à considérer les textes non comme une fin en soi mais comme une invitation à la réflexion.

Au lycée, la discipline joue un rôle déterminant dans la formation de l’esprit, permettant aux élèves d’approfondir et d’exercer leur jugement, de développer une réflexion personnelle et une argumentation convaincante, à l’écrit comme à l’oral, d’analyser les stratégies argumentatives des discours lus ou entendus.

Certains questionnements au collège et au lycée concourent plus spécifiquement à l’éducation morale et civique.

Ainsi, en quatrième, le questionnement « Informer, s’informer, déformer ? » donne l’opportunité de découvrir des articles, des reportages, des images d’information sur des supports et dans des formats variés, se rapportant à un même événement, à une question de société ou à une thématique commune. Par ce biais, les élèves comprennent l’importance de la vérification et du recoupement des sources, la différence entre fait brut et information, les effets de la rédaction, de la citation réduite et du montage. On peut également exploiter des textes et documents conçus à des fins de propagande ou témoignant de la manipulation de l’information.

En troisième, l’entrée « Dénoncer les travers de la société » permet de découvrir des œuvres, des textes et des images à visée satirique, de comprendre les raisons, les visées et les modalités de la satire, les effets d’ironie, de grossissement, de rabaissement ou de déplacement dont elle joue, de savoir en apprécier le sel et d’en saisir la portée et les limites, de s’interroger sur la dimension morale et sociale du comique satirique.
En seconde, l’entrée « La littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle » prévoit l’étude d’un groupement de textes autour d’un débat d’idées, du XIXe au XXIe, au choix du professeur, qui peut, par exemple, porter sur des questions éthiques ou sociales. Ce dernier peut également proposer l’analyse de photographies de presse, d’affiches, de caricatures, de films documentaires ou de fiction, de pièces ou recueils poétiques engagés, etc. Les partenariats avec les institutions locales administratives ou juridiques, l’utilisation des médias locaux et/ou numériques, particulièrement durant les événements récurrents comme la Semaine de la Presse à l’école, peuvent conforter et élargir l’enseignement.

En première, l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle » vise l’acquisition d’une culture humaniste en faisant dialoguer textes anciens et textes contemporains, afin de donner aux interrogations qui sont les leurs une profondeur et une ampleur nouvelles. La littérature d’idées contribue à forger en eux une mémoire culturelle et à développer leurs capacités de réflexion et leur esprit critique.

D’une manière générale, les programmes conseillent aux professeurs de français d’établir des liens avec les programmes d’enseignement moral et civique, de favoriser le travail entre les disciplines et de faire appel à la participation des professeurs documentalistes.


PHYSIQUE-CHIMIE

Guide éduscol, valeurs de la république et enseignement de la physique-chimie :

https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Physique_Chimie/72/3/RA16_C4_Valeurs_republique_physique_chimie_617723.pdf


EMC

L’EMC (Enseignement moral et civique) couvre la totalité de la scolarité du CP aux classes terminales des lycées.

Réintroduire une « morale » dans les programmes a suscité bien des débats, pouvant laisser penser que l’on ouvrait la porte aux leçons de morale d’antan.

En réalité il s’agit bien d’enseignement moral et civique et non pas de l’enseignement de la morale civique.

Par morale, il faut entendre une « morale républicaine, dans le sens de l’éthique, ce qui a trait aux mœurs, aux attitudes humaines, en particulier, aux règles de conduite et à leur justification », comme le définit Pierre Kahn [1]. L’EMC contribue largement à une « culture civique commune » [2]. C’est bien un enjeu culturel puisqu’il donne du sens à certaines de nos expériences et permet d’en comprendre les enjeux et de les comparer à l’expérience d’autrui.

Au lycée général et technologique, un thème estprivilégié pour chaque niveau : la liberté en seconde, la société en première et la démocratie en terminale. Les démarches pédagogiques citées dans les programmes sont : les études, les exposés problématisés, les discussions argumentées et les débats réglés. Mais d’autres démarches comme la soutenance orale devant un jury sont envisageables.

Enfin pour la première fois cet enseignement est évalué au baccalauréat, ce qui contribue à lui donner de la visibilité en lycée.

L’arrêté du 16 juillet 2018 sur l’organisation et l’évaluation du baccalauréat à compter de la session 2021 cite bien l’EMC à la suite de cet extrait : « un coefficient 10 est affecté à la moyenne de l’évaluation des résultats de l’élève au cours du cycle terminal, attribuée par ses enseignants pour les enseignements énumérés dans le tableau suivant, chacun des enseignements comptant à poids égal » [3]. Toutefois le choix est laissé aux équipes pédagogiques d’attribuer une moyenne en EMC ou de l’évaluer uniquement par des compétences civiques bien identifiées.

L'EMC EN COLLÈGE

L’EMC EN COLLÈGE

Des exemples d’exploitation pédagogique dans l’académie d’Amiens : exposition de la BNF « La laïcité en questions », « rôle du CVL » et « sécurité et laïcité » – http://histoire-geo.ac-amiens.fr/1020-la-laicite-en-questions.html

L'EMC EN LYCEE GENERAL ET TECHNOLOGIQUE

L’EMC EN LYCEE GENERAL ET TECHNOLOGIQUE

Les capacités identifiées dans les programmes d’EMC sont les mêmes pour les 3 années. Il s’agit donc de faire un choix précis, de les envisager dans une logique de progressivité sur les trois années et de ne pas les déconnecter des thématiques enseignées. Nous vous proposons quelques mises en situation tirées des programmes d’EMC.

Identifier différents types de documents (récits de vie, textes littéraires, œuvres d’art, documents juridiques, textes administratifs, etc.), les contextualiser, en saisir les statuts, repérer et apprécier les intentions des auteurs.

Seconde    « Comment évoluent la conception et l’exercice des libertés ? »

Expliquer les objectifs du mouvement « Anonymous » et identifier une source favorable et une autre hostile à ce mouvement.

Renvoi obligatoire à la page Wikipedia pour vérifier que les élèves savent utiliser les sources et renvois de bas de page et comprennent le processus de rédaction d’un article sur cette encyclopédie en ligne.

Savoir exercer son jugement et l’inscrire dans une recherche de vérité ; être capable de mettre à distance ses propres opinions et représentations, comprendre le sens de la complexité des choses, être capable de considérer les autres dans leur diversité et leurs différences.

Première  « Comment les modalités de recomposition du lien social tendent- elles à définir un nouveau modèle de société ?”

Réflexion nouvelle sur la cause animale.

Quels arguments et quelle méthode pour proposer ou imposer des menus végétariens dans la restauration scolaire. Travail obligatoirement en articulation avec le CAVL et le CESC.

Rechercher, collecter, analyser et savoir publier des textes ou témoignages ; être rigoureux dans ses recherches et ses traitements de l’information.

Terminale  « Comment construire l’avenir de la démocratie dans un monde d’incertitudes ?”

Le citoyen et la politique sociale : le droit du travail, la représentation des salariés, le dialogue social.

Réaliser une charte du travail qui serait valable dans le champ professionnel en relation avec vos vœux sur Parcoursup.

Adapter la forme à deux types de public : les salariés du secteur et les personnels d’encadrement ou le patronat.

Compétences orales à travers notamment la pratique de l’argumentation.

Celle-ci conduit à préciser sa pensée et à expliciter son raisonnement de manière à convaincre. S’exprimer en public de manière claire, argumentée, nuancée et posée ; savoir écouter et apprendre à débattre; respecter la diversité des points de vue.

Seconde : « Quels principes et quelles conditions de la liberté ? »

Figure emblématique : l’engagement pour la liberté d’une femme ou d’un homme« panthéonisé ».

Imaginer le discours d’intronisation au Panthéon et l’enregistrer sur un support numérique

Développer des capacités à contribuer à un travail coopératif / collaboratif [4], en groupe, s’impliquer dans un travail en équipe et les projets de classe.

Première   « Comment les fondements du lien social se trouvent aujourd’hui fragilisés ? »

De quelle manière peut-on se retrouver aujourd’hui « exclu » de la société ? Illustrez votre argumentation par divers exemples que vous travaillerez en groupe et selon une stratégie à définir explicitement.


[1] Voir l’article de Canope : https://www.reseau-canope.fr/les-valeurs-de-la-republique/enseignement-moral-et-civique-en-primaire.html

[2] Rappelons ici le domaine 3 du socle commun de connaissances, de compétence et de culture (« culture » au singulier)

[3] http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=132697

[4] Un visuel de la Dane de l’académie de Versailles distingue clairement « coopérer », « collaborer » et “mutualiser”


L’EMC DANS LA VOIE PROFESSIONNELLE DU LYCÉE

L’EMC DANS LA VOIE PROFESSIONNELLE DU LYCÉE

Les nouveaux programmes liés à la Transformation de la Voie Professionnelle sont entrés en vigueur à la rentrée 2019 en première année de CAP et en seconde professionnelle, à la rentrée 2020 en deuxième année de CAP et en première professionnelle. Ils entreront en vigueur à la rentrée 2021 en terminale professionnelle.

Le volume horaire est identifié en CAP : 14h30 en 1ère année, 13h en 2ème année. En bac professionnel, l’horaire est intégré dans celui du bloc lettres-histoire-géographie-EMC : respectivement sur les trois années du cycle : 105h, 84h, 78h.

En bac professionnel tout comme en CAP, c’est le professeur qui a en charge l’histoire-géographie qui prend en charge l’histoire-géographie, l’EMC étant une composante de sous-épreuve d’histoire-géographie-EMC.

La laïcité est abordée par tous les élèves entrants dans la voie professionnelle, en 1ère année de CAP et en Seconde professionnelle. Est abordée également la valeur républicaine de la Liberté.

Elle l’est également pour une dernière année en classe de terminale dans le cadre des anciens programmes.

Elle est ainsi définie dans les programmes, en termes de connaissances à acquérir :

– La laïcité est un principe républicain inscrit dans l’article premier de la Constitution de la Ve République : la France est une République laïque qui « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ». L’École, laïque depuis 1882 pour protéger l’élève de toute emprise (religieuse, politique, partisane, économique…), lui permet de construire son jugement ; la laïcité est un des fondements de l’École de la République. La loi de la séparation des Églises et de l’État (1905) garantit la liberté de conscience des individus et les conditions du libre exercice des cultes. La liberté est donc au cœur de la laïcité.

– Les agents de la fonction publique, soumis à l’obligation de neutralité du service public, ne peuvent pas, dans le cadre de leurs fonctions, manifester leur appartenance religieuse par le port d’un signe religieux. Les employés des entreprises privées ne sont pas soumis à cette obligation ; l’employeur peut cependant introduire dans son règlement intérieur des dispositions particulières.

 

Les compétences développées dans le cadre de l’enseignement moral et civique sont les suivantes :

  • Identifier, exprimer et maîtriser ses émotions.
  • Mettre à distance ses opinions personnelles pour construire son jugement.
  • Effectuer une recherche documentaire en faisant preuve d’esprit critique.
  • S’impliquer dans un travail et coopérer.
  • Construire et exprimer une argumentation cohérente et étayée en s’appuyant sur les repères et les notions du programme.
  • Savoir écouter, apprendre à débattre.
  • Respecter autrui et la pluralité des points de vue.

La démarche

Chaque thème  est traité dans le cadre d’un projet – qui peut s’insérer dans la réalisation du chef-d’œuvre – construit à partir des questions de l’élève et de situations concrètes (actualité, vidéos, films documentaires et films de fiction, actions au sein de l’établissement…). Il permet de faire appel à  ses expériences, ses opinions et ses convictions et de les mettre en rapport avec les normes éthiques. Dans une démarche d’enquête, les recherches menées par l’élève permettent de construire les « notions et mots-clés » à partir des « références et repères » indiquées dans le programme et ainsi consolider sa culture civique. Cette démarche de projet initie l’élève à la pratique du débat réglé. Elle aboutit à une production finale puis à une trace écrite.

L’ensemble des thèmes du programme est articulé au principe de la laïcité (la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la citoyenneté, la paix, la défense des valeurs communes et Espace public, engagement et culture du débat démocratique) ainsi que les notions et les repères. Cf. ci-dessous.

Quelques ressources pédagogiques proposées par les formateurs de LP de l’académie de Nancy-Metz :

L’EMC EN CAP.

  CAP 1ère année / Devenir citoyen, de l’École à la société
Thèmes Être citoyen La protection des libertés : défense et sécurité
Notions et mots-clés Citoyenneté, politique, civisme, droit de vote, engagement, parti politique, syndicat, association. Constitution, défense et sécurité nationale, armée, gendarmerie, police, souveraineté nationale, service national universel.
Repères et références
  • Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 :articles sur les droits et les devoirs du Citoyen (Art. 6, 11, 13, 14).
  • Préambule de la Constitution de 1946.
  • Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 (art. 12 et 13, 14, 15 et 16).
  • Loi n°2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
  • Charte de l’environnement de 2004 (art. 1, 2, 3, 4).
  • Décret n° 2012-127 du 30 janvier 2012 approuvant la charte des droits et devoirs du citoyen français prévue à l’article 21-24 du Code civil.
  • Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (art. 12).
  • 1798 : institution de la conscription universelle et obligatoire.
  • 1958 : Constitution de la Ve République.
  • 1986 : création du Conseil de sécurité intérieure.
  • 1995 : mise en place du plan Vigipirate.
  • 1997 : suspension du service national.
  • 2009 : création du Conseil de défense et de sécurité nationale.
  • 2018 : création du Service national universel.
  CAP 2ème année / Liberté et démocratie
Thèmes La Liberté, nos libertés, ma liberté La laïcité
Notions et mots-clés Démocratie, Droits fondamentaux, droits et devoirs du citoyen, État de droit, intérêt général, justice, loi, libertés individuelles et collectives. Laïcité, liberté, liberté de conscience, séparation des Églises et de l’État.
Repères et références
  • Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (art. 1, 2, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11 et 12).
  • Préambule de la Constitution de 1946.
  • Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 (art. 3, 4, 13, 18, 19 et 20).
  • Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950 (art. 4, 5, 9, 10, 11 et 14).
  • Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 (art. 12-1, 13, 14-1 et 3, 15 et 16).
  • Loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
  • Loi n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles modifiant la loi de 1978 sur relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés : articles 19 et 20.
  • Loi n° 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information (art. 11 et 16).
  • Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (art.1, 2, 4, 10 et 11).
  • Loi sur l’enseignement primaire obligatoire du 28 mars 1882 (art.2, 4).
  • Loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905 (art.1, 2).
  • Article 1er de la Constitution de la Ve République (4 octobre 1958).
  • Loi sur l’application du principe de laïcité dans les établissements scolaires et publics (15 mars 2004).
  • Articles L. 1121-1, L. 1321-3, L. 1321-2-1 du Code du travail (la laïcité dans le monde du travail).
  • Charte de la laïcité à l’École (2014).
  • Journée nationale de la laïcité à l’École de la République (2015), fixée au 9 décembre.

L’EMC EN BAC PROFESSIONNEL.

  Classe de seconde professionnelle / Liberté et démocratie
Thèmes La Liberté, nos libertés, ma liberté La laïcité
Notions et mots-clés Démocratie, droits fondamentaux, droits et devoirs du citoyen, État de droit, intérêt général, justice, loi, libertés individuelles et collectives. Laïcité, liberté, liberté de conscience, séparation des Églises et de l’État.
Repères et références
  • Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (art. 1, 2, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11 et 12).
  • Préambule de la Constitution de 1946.
  • Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 (art. 3, 4, 13, 18, 19 et 20).
  • Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950 (art. 4, 5, 9, 10, 11 et 14).
  • Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 (art. 12-1, 13, 14-1 et 3, 15 et 16).
  • Loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
  • Loi n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles modifiant la loi de 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (art. 19 et 20).
  • Loi n° 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information (art. 11 et 16).
  • Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 (art.1, 2, 4, 10 et 11).
  • Loi sur l’enseignement primaire obligatoire du 28 mars 1882 (art.2, 4).
  • Loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905 (art.1, 2).
  • Article 1er de la Constitution de la Ve République (4 octobre 1958).
  • Loi sur l’application du principe de laïcité dans les établissements scolaires et publics (15 mars 2004).
  • Articles L. 1121-1, L. 1321-3, L. 1321-2-1 du Code du travail (la laïcité dans le monde du travail).
  • Charte de la laïcité à l’école (2014).
  • Journée nationale de la laïcité à l’École de la République (2015), fixée au 9 décembre.
  Classe de première professionnelle / Égalité et fraternité en démocratie
Thèmes Égaux et fraternels Préserver la paix et protéger des valeurs communes :

défense et sécurité en France et en Europe

Notions et mots-clés Cohésion nationale* Dignité* Discrimination* Égalité* Fraternité* Impôt* Justice sociale* Service national universel* Suffrage universel* Conscription* Coopération* Politique européenne de sécurité et de défense (PESD)* Sécurité* Terrorisme*
Repères et références
  • 1928 : Fondation à Paris de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA) devenue LICRA en 1932.
  • 1944 : Droit de vote des femmes.
  • 1945 : Création de la sécurité sociale.
  • 1947 : Plan Langevin-Wallon.
  • 1972 : Loi relative à la lutte contre le racisme.
  • 1975 : Loi sur l’intégration des personnes handicapées.
  • 1985 : Ouverture du premier « Resto du cœur ».
  • 1986 : Loi Roudy sur l’égalité professionnelle entre les hommes
  • et les femmes.
  • 1990 : Loi Gayssot tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe.
  • 1988 : Création du revenu minimum d’insertion (devenu revenu de solidarité active en 2009).
  • 2000 : Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU).
  • 2005 : Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
  • 2006 : Plan Solidarité grand âge.
  • 2007 : Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
  • 2014 : Loi pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes.
  • Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 (art.12).
  •  1992 : Traité de Maastricht : création de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Création de l’Eurocorps qui regroupe cinq États membres.
  •  1997 : Suspension du service national.
  •  1998 : Sommet franco-britannique de Saint-Malo : création de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
  •  2003 : Première opération de l’Union européenne en Macédoine.
  •  2009 : Création du Conseil de défense et de sécurité nationale.
  •  2016 : Sommet de Varsovie (coopération OTAN-UE) et implication directe de la Commission européenne dans les questions de défense.
  •  2018 : Création du service national universel (SNU).
  Classe terminale professionnelle / Espace public, engagement et culture du débat démocratique
Thème annuel S’engager et débattre en démocratie autour des défis de société
Notions et mots-clés Assemblée* Association* Démocratie représentative* Liberté d’expression* Parti politique* Pluralisme* Responsabilité* Syndicat*
Repères et références
  • 1881 : Loi sur la liberté de la presse.
  • 1901 : Loi définissant la liberté d’association.
  • 1944 : Droit de vote des femmes.
  • 1974 : Premier débat télévisé de second tour de l’élection présidentielle.
  • 1982 : Loi sur la liberté de l’audiovisuel.
  • 1989 : Création du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
  • 1991 : Décret de création des conseils académiques de la vie lycéenne (CAVL).
  • 2003 : Révision constitutionnelle sur la démocratie de proximité.
  • 2017 : Loi relative à l’égalité et à la citoyenneté (Titre 1 : Émancipation des jeunes, citoyenneté et participation).

Cette page consacrée au développement d’une culture commune sur la laïcité et les valeurs de la République ne peut pas faire l’économie d’une clarification des mots dans un débat public qui souffre parfois d’excès ou d’inexactitudes de langage. Définir les 41 mots suivants, sans pour autant scléroser le débat, s’est avéré indispensable avant tout travail didactique ou pédagogique. La liste n’est bien sûr pas exhaustive, tant la laïcité et les valeurs de la République française couvrent un large champ de notre culture et de nos expériences sociales quotidiennes.


Amour :

Il peut sembler curieux de débuter ce lexique par un mot qui semble pour ainsi dire hors-sujet. Il semble en effet que l’amour soit une passion privée et optionnelle plutôt qu’un devoir ou une vertu républicaine. Pourtant, si la république s’emploie à lutter contre toutes les formes de haine, on voit mal comment elle pourrait se dispenser de valoriser l’amour. Et même si ce terme est plurivoque (l’amour des amants n’est pas celui d’une mère pour ses enfants), il n’en reste pas moins qu’il est possible d’extraire de ces différents usages une racine commune. Qu’il s’agisse d’amitié, de passion amoureuse, d’affection maternelle, ou de ce qu’on appelle parfois « l’amour du prochain », aimer, c’est toujours vouloir le bien de celui qu’on aime.  Or, s’il est vrai que toute république est fondée sur la recherche incessante de biens communs, on voit mal ce qui, mieux que l’amour, pourrait fonder la recherche commune et républicaine de ce bien. La vie républicaine est ainsi cette forme de vie politique qui devrait inciter chacun de nous à vouloir le meilleur pour ses concitoyens, quitte bien entendu à mettre en débat ce qu’est ce « meilleur ». 

Anathème :

La seule attitude (d’exclusion et d’opprobre jetée sur ceux qui vivent, croient ou pensent d’une façon jugée contraire à l’orthodoxie) qui, dans l’espace républicain, doive être anathématisée.

Athéisme :

Conviction personnelle qui consiste à nier l’existence de Dieu. Un Etat laïque ne saurait être confondu avec un Etat athée, la neutralisation politique des croyances privées dans l’espace public valant pour toutes les croyances (ne pas croire que Dieu existe, c’est croire que Dieu n’existe pas).

Bien (commun) :

Le bien, pour un vivant, quel qu’il soit, c’est toujours ce qui favorise le déploiement de ses dispositions propres. Ainsi, le bien de l’homme est toujours à chercher du côté de ce qui l’humanise, qui permet le déploiement en lui de ressources authentiquement humaines (ce qu’on appelle parfois des vertus). Si la république laisse à la raison morale le soin de se prononcer quant à ce qu’est le Bien, elle suppose une mise en débat constante des biens communs, c’est-à-dire de ses biens qui ne se réduisent pas aux intérêts particuliers des sociétaires parce qu’ils sont des biens pour tout homme : la liberté et la sécurité par exemple.

Blasphème :

Parole ou discours qui outragent la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré. C’est donc une notion strictement religieuse qui ne saurait s’appliquer juridiquement dans une république laïque (ce qui signifie qu’on ne saurait aller déposer plainte au commissariat pour blasphème). Il se pourrait que le blasphème par excellence soit le meurtre au nom de Dieu.

Citoyen :

Un même individu est humain en tant qu’il est membre de l’humanité (et inconditionnellement digne de respect à cet égard), sociétaire en tant qu’il fait valoir ses intérêts spécifiques dans une société donnée, citoyen en tant que membre actif d’une république. Socialement, un individu se définit par des appartenances et des intérêts spécifiques (chrétien, juif, musulman, commerçant, joueur de foot…). Politiquement, il dépasse ses intérêts particuliers pour reconnaitre un « commun » à instituer et à protéger (les lois justes, des institutions efficaces…). C’est pourquoi, en tant que citoyens, tous les ressortissants d’un même état ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, à la différence de leur statut de sujet qui en faisait des individus d’inégale dignité.

Cléricalisme/anticléricalisme :

Attitude qui consiste, pour les représentants d’une religion, à agir comme si les valeurs qu’ils revendiquent devaient nécessairement être adoptées par toute la société, et qui se manifeste par des pressions organisées sur les pouvoirs publics. Il ne faut pas confondre le cléricalisme et la liberté qu’ont les croyants d’une religion, en tant que citoyens, de manifester publiquement leurs opinions. L’anticléricalisme, en dépit des apparences, n’est pas tout à fait son antonyme, puisqu’il consiste plutôt en une attitude globalement hostile non seulement au cléricalisme, mais aux institutions religieuses en tant que telles. Notons que cette terminologie s’avère inadaptée pour le judaïsme mais surtout pour l’islam, les imams étant de simples fidèles comme les autres musulmans.

Communautarisme :

Attitude qui consiste, pour des individus qui se reconnaissent socialement « les mêmes », à privilégier l’ordre communautaire (leurs intérêts et leurs valeurs communes) sur l’ordre politique, c’est-à-dire à se définir par leurs intérêts particuliers (religieux et sociaux) plutôt qu’en référence aux valeurs communes de la république, comme croyants plutôt que comme citoyens.

Concordat :

Accord conclu en 1801 entre les représentants de Bonaparte et ceux du pape Pie VII et qui concerne les trois principales religions présentes à l’époque sur le territoire national, à savoir  les religions juive, protestante et catholique. Cet accord permettait la rémunération des membres du clergé par l’Etat qui procédait à la nomination des évêques. Pour des raisons historiques, le régime concordataire est encore en vigueur en Alsace et en Moselle où les trois religions demeurent salariées, subventionnées et enseignées dans les écoles publiques.

Critique :

Le droit de critique les valeurs, les croyances, les opinions ou les façons de vivre d’une personne ou d’un groupe est une dimension essentielle de la liberté d’expression, puisqu’on ne saurait reconnaitre celle-ci comme exigée par le pluralisme républicain sans admettre le droit de soumettre à la discussion les opinions concurrentes. Critiquer n’est pas d’abord dire du mal, mais évaluer et juger. L’enjeu politique de la liberté de critiquer n’est pas dans la mise en scène d’une posture personnelle (moi, je ne pense pas comme lui) mais dans l’institution des conditions de possibilité de débats rationnels sans lesquels il n’y a pas de République possible. C’est à ce titre que l’école a un rôle fondamental dans l’enseignement de la pensée critique (ce qui pourrait bien d’ailleurs être un pléonasme). Cet enjeu ne peut se concevoir que sur du long terme tant le comportement des humains ne les oriente pas naturellement vers la posture critique. Charles Seignobos écrit dans « « La méthode historique appliquée aux sciences sociales » en 1901 : « Apprendre à nager c’est réfréner ses mouvements spontanés pour ne pas se noyer (…). De même apprendre la critique c’est acquérir l’habitude de résister à la crédulité naturelle et d’examiner ce qu’on lit (…). La critique comme la natation doit devenir organique par l’exercice ».

Culture :

Au sens ethnologique, ensemble des rites, des pratiques et des croyances qui distinguent des peuples. En ce sens, s’il n’y a pas d’humanité sans culture. La culture est alors ce qui distingue les hommes et il faudrait parler des cultures. Mais dans un sens plus fondamental, la culture est l’ensemble des gestes et des activités (y compris intellectuelles et spirituelles) qui cultivent en l’homme ce qu’il a de proprement humain (penser le monde, le transformer). Avant de constituer des visages différents de notre humanité (des cultures), la culture est ce qui éduque en tout homme le sens d’une humanité partagée qui se reconnaît aussi dans les oeuvres de l’esprit (l’art notamment). En ce sens, la culture est moins ce qui nous distingue que ce qui permet à tout homme de reconnaître un autre homme pour ce qu’il est.

On voit ainsi qu’il ne saurait y avoir de culture sans pratique ni expérience, ce qui explique que l’école ait le souci de proposer aux élèves d’authentiques expériences culturelles, ce qui est en quelque sorte le pari de la culture artistique, mais aussi d’une discipline telle que l’EMC. Cet enseignement est structuré autour de 3 axes qui sont moins à enseigner qu’à expérimenter : le respect d’autrui, les valeurs de la république, la culture civique (débat, controverse, engagement. Notons enfin que cette culture est également présente dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment dans le domaine 3 : « la formation de la personne et du citoyen ».

Discrimination :

Attitude qui consiste à remettre en cause pratiquement l’idée républicaine d’une égalité de tous devant la loi, soit de manière négative (en n’accordant pas certains droits à certains groupes), soit de manière positive (en attribuant davantage à certains groupes pour compenser certaines injustices factuelles). Il ne faut pas confondre la discrimination (qui apparait ici comme une notion juridico-politique) et le droit de critiquer les valeurs, les comportements ou les pratiques de certains groupes dans le cadre du débat public. Ne pas accorder aux juifs les mêmes droits qu’aux catholiques est de la discrimination. Critiquer les croyants juifs, chrétiens ou musulmans dans le cadre d’un débat public et rationnel relève de la liberté d’expression.

Doctrine/Dogme :

Système de croyances qui détermine des pratiques sociales, politiques ou religieuses ainsi que des représentations particulières du réel. Tout système de valeurs suppose un corps de doctrine qui assure sa cohérence. Ainsi, on peut dire que la doctrine républicaine pose en principe l’égalité de tous devant la loi. On parle de dogmes soit, péjorativement, pour désigner des doctrines figées et sclérosées, auxquelles ont interdit toute évolution, soit, de façon plus neutre, pour désigner des doctrines considérées comme révélées.

Éduquer/enseigner :

Eduquer n’est pas essentiellement enseigner (transmettre des savoirs), mais former des esprits libres capables de juger, de croire, de penser par eux-mêmes et d’exercer leur libre arbitre. En ce sens, l’éducation ne consiste pas à conformer un enfant au milieu social, religieux ou culturel qui est le sien, mais doit viser l’autonomie morale et intellectuelle. La culture familiale imprégnant cependant fortement un enfant, l’éducation scolaire ne peut pas totalement s’y soustraire sous peine de ne pas tenir compte des réalités humaines relatives à toute situation pédagogique. Les valeurs de la République sont enseignées et transmises (comme on enseigne des comportements bons pour la santé). Mais pour qu’elles fassent l’objet d’une éducation à la démocratie par exemple, il faut que l’élève soit mis en situation de s’engager et de choisir (comme on informe sur les conséquences de certaines pratiques dangereuses pour la santé, laissant ensuite l’élève choisir en toute conscience).

Egalité :

Valeur fondamentale de la république française, inscrite dans sa devise, qui relaie le principe républicain de l’égalité de tous devant la loi. Cette égalité principielle est donc une égalité de droits, et non une égalité de fait, et encore moins une identité. C’est au contraire parce que les hommes sont différents et naturellement inégaux que les institutions politiques doivent promouvoir l’égalité en droit. C’est ce principe d’égalité qui interdit toute subordination légale d’un groupe à un autre. Notons que dans la devise de la République française, liberté et égalité forment un couple indissociable. Ce n’est pas tant la liberté et l’égalité qui sont singuliers à la France, mais plutôt la liberté-égalité comme recherche d’un équilibre. Toute expérience politique qui renonce à l’un au profit de l’autre s’éloigne des valeurs de la République, soit au profit d’un système égalitariste et donc réducteur des libertés, soit au profit d’un système libéral qui n’assure plus l’égalité de droit. Le géographe Jacques Lévy l’exprime d’une autre manière : « Mener une politique juste c’est d’abord assurer l’égalité pour tous dans l’accès à un projet libre ».

Engagement :

Sans nous occuper ici de son sens moral universel, l’engagement peut être considéré comme une valeur fondamentale de la république puisque celle-ci suppose et exige la participation de tous les citoyens au bien commun en vue d’une détermination rationnelle du juste et de l’injuste, de l’utile et du nuisible… Cet engagement peut prendre une forme intellectuelle (libre expression de ce en quoi on croit),une forme pratique (militantisme, manifestations…), mais aussi s’inscrire dans la sphère privée (engagement associatif). Il est à ce titre l’acte par lequel un citoyen participe au débat public et à la détermination des valeurs. Tout engagement authentique est à ce titre un acte rationnel sans quoi il n’est plus rien d’autre qu’un mouvement d’humeur ou une lubie.

Fanatisme :

Attitude qui consiste à valoriser des croyances ou des opinions au point qu’elle ne saurait admettre la légitimité de valeurs alternatives. Le fanatique ne veut pas seulement avoir raison contre les autres, il aspire plus ou moins consciemment à ce que chacun croit et pense comme lui. Le fanatique religieux est donc celui qui ne saurait consentir au pluralisme des rites et des croyances, ni à l’athéisme ou à l’agnosticisme et qui, dans sa version extrémiste, est prêt à tuer pour ses idées (alors que le radicalisme consiste plutôt à être prêt à vivre pour elles, quitte parfois à en mourir).

Fraternité :

Valeur fondamentale de la République française qui postule que ce qui unit les hommes (la raison, la reconnaissance des vertus morales, un certain sens du juste et de l’injuste, le souci d’une société qui laisse une place à chacun…) est plus fort que ce qui les distingue et parfois les oppose. On a là un exemple de sécularisation d’un concept religieux puisqu’initialement, l’idée d’une fraternité universelle renvoie à l’idée d’un dieu père de tous les hommes, sans distinction. C’est pourquoi l’idée d’une fraternité sélective (entre ceux qui partagent les mêmes croyances par exemple) constitue un dévoiement de l’idéal de fraternité qui n’a de sens qu’à être reconnu en son universalité.

Foi :

Acte spirituel personnel qui s’inscrit souvent dans le contexte d’une religion particulière, et qui pose non seulement l’existence d’un dieu, mais une relation de fidélité et de confiance à sa personne (foi vient du latin fides). Il ne peut donc y avoir de foi qu’envers une personne (dieu ou homme). Si les croyances renvoient à un usage intellectuel du verbe « croire » (croire que…), la foi semble plutôt renvoyer à un usage affectif et moral (croire en…), sans pour autant récuser la nécessité d’une justification rationnelle.

Fondamentalisme :

Attitude intellectuelle qui prescrit une lecture littérale des textes religieux (textes sacrés ou dogmes) en refusant de les interpréter. Il convient à ce titre de distinguer le fondamentalisme de ce avec quoi on le confond souvent, à savoir le radicalisme ou le fanatisme.

Intégrisme :

Attitude scrupuleuse qui consiste à accorder une attention maniaque à tous les éléments d’une pratique religieuse, en refusant toute forme d’adaptation ou de compromis. Il convient à ce titre de ne pas confondre intégrisme et traditionalisme, ce dernier terme désignant simplement l’attachement à une tradition contestée par de nouvelles pratiques. Il convient aussi à plus forte raison de ne pas confondre intégrisme, fanatismefondamentalisme et radicalisme.

Laïque :

Qui relève de la laïcité, qui a le caractère de laïcité. À ne pas confondre avec « laïc » (qui désigne celui qui n’est pas un clerc). En ce sens, tous les laïcs (en tant que non-membre d’un clergé) ne sont pas laïques.

Laïcité :

principe de la République française qui prône la liberté de conscience, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, la neutralité de l’État en matière de religion et l’égalité de chacun devant la loi quelles que soient ses convictions politiques, philosophiques, religieuses ou économiques (voir rubrique « Pour aller plus loin / Autres ressources / Article « Laïcité » d’André Comte-Sponville).

Jean-Louis Bianco (Observatoire de la laïcité) considère que la laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais le droit d’en avoir une.

Pour Valentine Zuber (« La laïcité en France et dans le monde », Documentation photographique, septembre-octobre 2017), le principe de laïcité oblige l’Etat à s’en tenir à une posture d’abstention vis-à-vis des différentes propositions de sens s’exprimant dans la société qu’il gouverne, société devenue progressivement plurielle.

S’il fallait résumer ce qu’est une laïcité authentiquement républicaine, ces quelques lignes pourraient peut-être aider à en fixer les principes essentiels : 

  1. La laïcité de l’Etat garantit les libertés religieuses, c’est-à-dire, pour chacun, la liberté de croire ou de ne pas croire. Il est à ce titre un principe de pluralisme.
  2. La laïcité de l’Etat est à la fois ce qui libère l’Etat de l’emprise du religieux, et ce qui libère le religieux de l’emprise de l’Etat. Elle est à ce titre la condition d’une double émancipation.
  3. La liberté de croire ou d’avoir des opinions particulières est l’une des dimensions de la liberté d’expression. A ce titre, elle est indissociable de la liberté de critiquer les croyances ou les opinions.
  4. Seule la République est habilitée à définir le périmètre des libertés religieuses, sans avoir à se référer à d’autres lois que celles qu’elle s’est donnée à elle-même.
  5. La laïcité de l’Etat suppose une distinction nette de la sphère privée et de la sphère publique, sans pour autant pouvoir (ou devoir) réduire la sphère privée à la sphère domestique.
  6. La séparation des églises et de l’état n’est pas un principe d’exclusion. Il fixe le cadre dans lequel des accords ou des désaccords peuvent être discutés ou des collaborations mises en œuvre.
  7. Les lois de la République s’imposent à chacun, mais il appartient à chacun, en tant que citoyen, de pouvoir les mettre en débat.
  8. Les valeurs de la République ne sont pas des absolus mais le résultat d’un processus de valorisation. A ce titre, il appartient à l’école de la République de procéder à leur justification rationnelle.
  9. La justification rationnelle des valeurs de la République, face aux agressions dont elle peut être victime, exige des clarifications conceptuelles précises (radicalisme, fanatisme, extrémisme… ce n’est pas la même chose)
  10. La République ne reconnait ni anathème, ni blasphème.

Liberté(s) :

Au pluriel, les libertés désignent un certain nombre de droits reconnus par une institution à ses membres. La liberté d’expression est ainsi le droit reconnu politiquement à des individus d’exprimer leurs opinions ou leurs croyances. Ces libertés sont nécessairement limitées puisque reconnues par une autorité publique qui a toute légitimité pour en fixer le cadre. C’est ainsi que l’on parlera de la liberté de culte ou  de la liberté de manifester. Mais il ne saurait y avoir de libertés (au pluriel) sans référence à une racine commune qu’il faut nécessairement entendre au singulier. Pas de libertés sans liberté. Pour aller au plus simple, elle peut être considérée comme cette puissance de l’esprit qui se rend résolument disponible pour ce qu’il y a de meilleur (la générosité, la solidarité, la force de résister à l’oppression…). C’est en ce sens qu’un homme ou une femme privés de libertés peuvent demeurer éminemment libres. A ce titre, toute liberté qui asservit à des pulsions et s’autorise la violence est une contradiction dans les termes. Notons que dans la devise de la République française, liberté et égalité forment un couple indissociable. Ce n’est pas tant la liberté et l’égalité qui sont singuliers à la France, mais plutôt la liberté-égalité comme recherche d’un équilibre. Toute expérience politique qui renonce à l’un au profit de l’autre s’éloigne des valeurs de la République, soit au profit d’un système égalitariste et donc réducteur des libertés, soit au profit d’un système libéral qui n’assure plus l’égalité de droit. Le géographe Jacques Lévy l’exprime d’une autre manière : « Mener une politique juste c’est d’abord assurer l’égalité pour tous dans l’accès à un projet libre ».

Liberté d’expression :

Il ne saurait y avoir de République sans mise en débat rationnelle de ce qu’il convient d’instituer pour le bien commun. Ainsi, la république n’est effective que là où les citoyens ont la liberté d’exprimer publiquement ce qu’ils pensent et croient, collaborant ainsi aux institutions publiques. A ce titre, la liberté d’expression est un principe républicain qu’on ne saurait abolir sans abolir la république elle-même. Mais puisque la liberté d’expression est liberté de soumettre à la raison d’autrui ce que l’on pense ou croit, elle a pour corollaire indispensable la liberté de critiquer les opinions exprimées, c’est-à-dire de les intégrer dans la dynamique des débats publics.

Principe :

Au sens constitutionnel, ce qui fait loi dans le cadre d’une nation. L’article premier de la Constitution de la Vème République identifie les principes suivants : « La France est une République indivisible [et non plus « une », car depuis 2003 son organisation est décentralisée], laïque, démocratique et sociale » (voir rubrique « Pour aller plus loin / Autres ressources / Article « Laïcité » d’André Comte-Sponville).

Public/privé :

Sont publiques, en un sens politique, les institutions qui concernent chacun en tant que citoyen (mairies, écoles publiques, services publics…), mais aussi les personnes qui exercent une fonction de représentation dans ces institutions. Par opposition, est privé ce qui concerne chacun en tant que sociétaire, c’est-à-dire membre de la société qui poursuit des intérêts particuliers, religieux par exemple. En ce sens, la pratique religieuse est une affaire privée. Toutefois, une difficulté tient au fait que le terme « public » est souvent entendu au sens de « manifeste » ou « visible » tandis que le terme « privé » se trouve alors réduit à désigner l’espace domestique. Ainsi, en ce sens, une manifestation religieuse dans la rue est publique (parce que visible et manifeste, ayant lieu dans un espace public), tandis que certains entendent confiner l’expression religieuse dans la sphère domestique. Il faut toutefois garder à l’esprit que c’est l’Etat qui est laïque, et non les personnes privées, et que la séparation des églises et de l’Etat, si elle impose aux fonctionnaires une neutralité politique et religieuse, n’interdit pas aux sociétaires de manifester publiquement leur foi privée (les processions, par exemple, peuvent être autorisées à certaines conditions par les mairies ou les préfectures). Un certain nombre de polémiques récentes font apparaitre de façon vive la confusion entre le sens politique de la distinction privé/public, et son sens sociologique.

Raison :

C’est parce que la raison peut et doit être reconnue comme commune à tous les hommes (tous les hommes, quelles que soient leurs croyances, leurs opinions ou leurs valeurs sont capables de reconnaitre que 2+2 = 4 et qu’il est préférable d’être juste qu’injuste) qu’elle constitue le point d’appui indispensable de toute république. En effet, l’idée de république est indissociable de celle d’un engagement rationnel de tous les citoyens en vue de la détermination du juste, de l’utile, mais aussi des valeurs susceptibles de structurer un ordre social. À ce titre, aucune expérience humaine ne saurait légitimement se soustraire aux exigences de la raison. C’est pourquoi même un système de croyances (politiques, religieuses, morales, sociales…) doit pouvoir rendre raison de lui-même.

Régime particulier :

Cette expression fait référence à des territoires qui bénéficient d’une singularité dans l’application de la loi de 1905. Outre l’Alsace-Moselle et son régime concordataire, cinq régimes particuliers s’appliquent dans les DROM. Dans le cas de l’Alsace-Moselle, les ministres des quatre cultes reconnus y sont rémunérés par l’Etat, les évêques sont nommés par le chef d’Etat, et les universités comptent des départements de théologie à Strasbourg et à Metz. Pour autant, s’ils sont des exceptions à la laïcité, ces régimes n’empêchent pas l’application des principes laïques dans ces territoires, notamment dans les établissements scolaires.

Religion :

Contrairement à la foi, qui est une affaire personnelle (même si elle peut être intégrée à une institution religieuse), une religion est une institution sociale identifiable par ses valeurs, ses rites, ses pratiques, ses discours, ses formes hiérarchiques. C’est pourquoi l’étude rationnelle d’une religion peut relever de la sociologie, de l’histoire, de la psychologie… bref, des sciences humaines. C’est pourquoi aussi aucune religion ne peut se tenir en-dehors de certains enjeux de pouvoir, réels ou symboliques. En étant définie comme « religion », une croyance et ses rites entre donc déjà dans la sphère publique en tant que reconnue par un Etat.

République :

Mode d’exercice du pouvoir qui repose sur trois principes fondamentaux : l’égalité de tous devant la loi (y compris de ceux qui gouvernent), le gouvernement dans l’intérêt des gouvernés et la participation de tous les citoyens au débat public. Quand on confond république et démocratie(mode d’organisation des pouvoirs qui accorde la souveraineté au peuple), on oublie tout à la fois qu’il existe des républiques monarchiques (on parle alors en général de monarchies constitutionnelles)  et que « république démocratique » n’est pas un pléonasme. Dans la mesure où toute république réelle suppose la mise en débat de formes de vie commune, chaque république (la république française par exemple) est fondée sur des valeurs particulières qui la colorent et font sa singularité. C’est ainsi que la République française est une république laïque sans que la laïcité soit en tant que telle un principe républicain (mais bien un principe de notre république).

Respect :

Dans un premier sens, le respect est l’attitude par laquelle on consent à traiter quelqu’un conformément à sa fonction, quelles que soient ses qualités personnelles. On peut ainsi (et sans doute le doit-on) respecter une autorité politique ou religieuse, ou alors un professeur que l’on n’estime pas. Dans un second sens, le respect consiste à traiter quelqu’un en ne considérant que sa seule humanité, indépendamment de ses mérites ou de ses actes. Dans ce second sens, tout homme est digne de respect du seul fait de son humanité (ce qui implique par exemple qu’on puisse juger les criminels en respectant leur humanité). Dans les deux cas, on voit que le respect fait abstraction des qualités propres d’une personne pour ne regarder que sa fonction ou son humanité, par quoi il se distingue de l’estime. Nous devons le respect à tout homme même à ceux que nous ne sommes pas tenus d’estimer. Le respect est considéré comme l’un des quatre piliers fondamentaux de notre système éducatif actuel : lire, écrire, compter, respecter autrui.

Sacré :

Dans les religions traditionnelles, est sacré ce qui est mis à part des lieux  et des temps communs pour être réservé à la divinité ou aux relations que l’on peut entretenir avec elle, par exemple des temples ou des fêtes religieuses. Dans un sens plus général et profane (le profane s’opposant d’ailleurs au sacré), est sacré ce qui est considéré comme inconditionnellement digne de respect. Dans un cadre républicain, seule la vie humaine peut et doit être considérée comme sacrée.

Sécularisation :

Processus historique et sociologique qui désigne le transfert de certaines fonctions (enseignement, soins hospitaliers…) d’une institution religieuse (dite régulière) à une institution publique (dite séculière). Historiquement, le 19e siècle a engagé un processus de sécularisation qui a sans doute joué un rôle important dans la laïcisation de l’Etat.

La sécularisation désigne aussi un processus sociétal et culturel qui voit une baisse progressive des pratiques religieuses dans une population. Elle doit donc être distincte de laïcité ou laïcisation qui relève d’un processus plus politique. Toutefois dans les pays anglo-saxons, le « secularism » est souvent considéré comme l’équivalent de la laïcité en France.

On parle de sécularisation lorsque le divorce inéluctable entre l’État moderne et les religions s’est accompli de manière progressive et non brutale. Les religions (généralement protestantes), traditionnellement soumises d’un point de vue juridique à l’État, se sont progressivement sécularisées en même temps que ce dernier. Il n’y a donc pas eu besoin d’imposer cette modernisation de l’extérieur.

En revanche la laïcisation signifie que l’État s’est émancipé lui-même (la plupart du temps de l’Église catholique), dans le cadre d’une lutte politique déclarée. La laïcité y a souvent été instaurée autoritairement par des lois civiles (création d’un état civil, de systèmes juridique, sanitaire et éducatif étatiques, etc.) qui ont permis une disjonction légale du domaine civil vis-à-vis de la morale religieuse.

Séparation :

Terme qui désigne officiellement la loi de 1905 qui ne parle pas de laïcité, mais de séparation des églises et de l’Etat. Si ce terme permet de poser en principe la démarcation claire des domaines temporel (politique) et spirituel (religieux), pour mieux garantir l’autonomie de chacun dans son domaine propre, il ne saurait être considéré comme synonyme d’exclusion. D’une part, la séparation effective du domaine politique et du domaine religieux n’interdit pas des dialogues possibles entre autorités religieuses et civiles ; d’autre part, cette séparation n’empêche pas la soumission des institutions religieuses à l’ordre républicain (elles sont soumises légitimement aux lois de la République). On considère parfois que ce principe de séparation devrait interdire l’expression des croyances sur la scène publique (lors de manifestations contre certains projets de loi par exemple). C’est oublier que les croyants, d’un point de vue républicain, sont d’abord des citoyens qui, comme tout citoyen, ont vocation à participer au débat public sans lequel il ne saurait y avoir de res publica (d’affaires communes).

Certains historiens considèrent également que la loi de 1905 ne sépare pas l’Etat et l’Eglise, le temporel et le spirituel – puisque ces deux entités, en tout cas dans le monde occidental, ont toujours été dissociées voire opposées ; elle se limite à l’exercice du culte, dont elle supprime l’organisation par l’Etat et dont elle garantit l’exercice public. L’Etat ne salarie plus les ministres du culte (à l’exception des aumôniers), mais du même coup l’exercice du culte est laissé à la discrétion des autorités religieuses. C’est pourquoi la loi fut plutôt bien accueillie par les congrégations religieuses.

Sociétaire :

Si un individu est citoyen en tant que membre actif d’une république, il est sociétaire en tant qu’il poursuit avec d’autres, mais à titre privé, des intérêts particuliers (religieux, associatifs, professionnels…). La distinction entre citoyen et sociétaire reprend au niveau des individus la distinction de l’Etat et de la société, de la sphère publique et de la sphère privée. On pourrait d’ailleurs définir le totalitarisme comme une absorption de la sphère privée dans la sphère publique, et l’intégrisme comme une absorption de la sphère publique dans la sphère privée.

Tolérance :

La tolérance ne consiste pas à accueillir avec bienveillance des opinions ou des manières de vivres que l’on juge estimables, mais à accepter ce que l’on n’aime pas, tout en prenant sur soi de ne pas s’y opposer. Si la tolérance est une vertu, c’est donc parce qu’elle est cette force de caractère qui concilie un jugement défavorable (on ne devrait pas penser cela, vivre comme cela, avoir telles opinions) et une capacité à prendre sur soi ce qui ne semble ni illégal, ni immoral (dans le cas contraire, la tolérance se fait compromission). La tolérance républicaine est ainsi cette vertu civique qui conduit à ne pas s’opposer autrement que par la critique rationnelle à des manières de vivre ou de penser qui semblent discutables mais que la loi permet (Voir rubrique « Textes fondateurs / Textes français / Edit de tolérance »).

Universel/particulier :

Universel s’oppose à particulier. Une loi républicaine est universelle parce qu’elle vaut pour tous, sans exception. L’Etat républicain est à ce titre le garant d’une certaine universalité politique et citoyenne. Est particulier en revanche, dans une nation, ce qui concerne des intérêts spécifiques que l’on poursuit en tant que sociétaire (un intérêt pour le football ou pour la messe par exemple). Le rôle de l’Etat républicain est de permettre l’articulation de l’universel et du particulier, des obligations légales et des intérêts légitimes, sans jamais consentir à subordonner l’universel au particulier. C’est pourquoi les intérêts particuliers (les intérêts religieux par exemple) ne peuvent être poursuivis que dans le cadre défini par les lois (universelles) de la république.

Valeur/Principe :

Une valeur, qu’elle désigne une chose (l’or, une belle voiture…) ou une idée (l’honneur, la beauté, la laïcité…), est toujours le résultat d’un processus de valorisation, ce qui signifie que toute valeur est reconnue ou instituée contre des valeurs concurrentes : la vengeance contre le pardon (ou le contraire), la fraternité contre l’hostilité, l’égalité contre les privilèges aristocratiques, la laïcité contre le confessionnalisme d’Etat… L’histoire de la laïcité nous montre suffisamment qu’il s’agit bien d’une valeur instituée dans un contexte historique particulier, contre le cléricalisme et, dans un souci de compromis, contre l’anticléricalisme aussi. Les valeurs de la république, à ce titre, doivent être soigneusement distinguées des principes de la République. L’égalité de tous devant la loi, par exemple, est un principe républicain parce qu’il n’y a pas de république possible là où cette exigence fondamentale n’est pas satisfaite. En revanche, la laïcité n’est pas en soi un principe républicain puisqu’une république pourrait, sans contradiction logique, être une république chrétienne ou islamiste (étant entendu que tout ce qui est possible n’est pas souhaitable). En revanche, la laïcité, depuis la loi de 1905, est bien un principe de notre république dans la mesure où elle est une dimension essentielle de ses lois fondamentales (sa constitution). Toute valeur est donc relative à des choix, des contextes, des projets particuliers. Pourtant, aussitôt posées et reconnues, des valeurs (politiques, morales ou sociales) deviennent puissance d’organisation des relations interpersonnelles et conditionnent la stabilité d’une société et la façon dont elle se comprend. C’est pourquoi nous sommes légitimés à lui attribuer de l’importance (c’est précisément ce qui en fait une valeur) et à la défendre individuellement et collectivement. Défendre les valeurs d’une société, c’est toujours défendre la société qui porte ces valeurs.

Vérité :

La vérité, contrairement à ce qu’on entend parfois, ne saurait dépendre des croyances ou des opinions de chacun. Si Dieu n’existe pas, la proposition « Dieu n’existe pas » est vraie, quoi qu’il en soit des opinions des uns ou des autres à son sujet. C’est pourquoi la proposition « à chacun sa vérité » est dépourvue de sens, ce qu’on ne peut d’ailleurs énoncer qu’au prix d’une confusion entre opinion et vérité. On appelle d’ailleurs « relativisme » l’attitude qui consiste à considérer que « tout se vaut » et que la vérité dépend des opinions ou des croyances de chacun. Si certaines vérités sont peut-être en tant que telles inaccessibles à la raison, il n’en reste pas moins que la raison dispose au-moins, pour prétendre dire vrai, du principe de cohérence. Par exemple, si j’affirme que Dieu est père de tous les hommes et que je prétends par ailleurs qu’il réclame le meurtre de certains de ses enfants, il y a là une contradiction logique qui suffit pour être rationnellement assuré que l’une des deux propositions au moins est fausse. On comprend dès lors que tout discours humain et toute doctrine (politique ou religieuse) sont justifiables devant la raison de leur prétention à dire le vrai. C’est pourquoi on ne saurait soustraire la rationalité républicaine aux enjeux de vérité, ou au moins de vérification.

HOMMAGE À SAMUEL PATY

En hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné le vendredi 16 octobre par un terroriste islamiste, une minute de silence sera observée lundi à 11h dans les établissements scolaires, après la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs.

Retrouvez l’ensemble des ressources mises à disposition des équipes éducatives : https://eduscol.education.fr/hommage-samuel-paty/

1. RESSOURCES NATIONALES
    • Parcours m@gistère laïcité composé de modules auto-formatifs d’environ 20 mn
2. RESSOURCES ACADÉMIQUES

 

3. AUTRES RESSOURCES
  • Pour une définition très fine de la laïcité, voir l’article « Laïcité » d’André Comte-Sponville, « Dictionnaire philosophique »,  Éditions PUF, 2013 (ci-dessous).

« Ce n’est pas l’athéisme. Ce n’est pas l’irréligion. Encore moins une religion de plus. La laïcité ne porte pas sur Dieu, mais sur la société. Ce n’est pas une conception du monde ; c’est une organisation de la Cité. Ce n’est pas une croyance ; c’est un principe, ou plusieurs : la neutralité de l’État vis-à-vis de toute religion comme de toute métaphysique, son indépendance par rapport aux Églises comme l’indépendance des Églises par rapport à lui, la liberté de conscience et de culte, d’examen et de critique, l’absence de toute religion officielle, de toute philosophie officielle, le droit en conséquence, pour chaque individu, de pratiquer la religion de son choix ou de n’en pratiquer aucune, le droit de prier ou de blasphémer, tant que cela ne trouble pas l’ordre public, enfin, mais ce n’est pas le moins important, l’aspect non confessionnel et non clérical – mais point non plus anticlérical – de l’école publique.
L’essentiel tient en trois mots : neutralité (de l’État et de l’école), indépendance (de l’État vis-à-vis des Églises, et réciproquement), liberté (de conscience et de culte). C’est en ce sens que Mgr Lustiger pouvait se dire laïque, et je lui en donne bien volontiers acte. Il ne voulait pas que l’État régente l’Église, ni que l’Église régente l’État. Il avait évidemment raison, même de son propre point de vue : il rendait « à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).
 
Les athées auraient tort de faire la fine bouche. Que l’Église catholique ait mis tant de temps pour accepter la laïcité, cela ne rend sa conversion, si l’on peut dire, que plus spectaculaire. Mais cette victoire, pour les laïques, n’est pas pour autant une défaite de l’Église : c’est la victoire commune des esprits libres et tolérants. La laïcité nous permet de vivre ensemble, malgré nos différences d’opinions et de croyances. C’est pourquoi elle est bonne, juste, nécessaire. Ce n’est pas le contraire de la religion. C’est le contraire, indissociablement, du cléricalisme (qui voudrait soumettre l’État à l’Église) et du totalitarisme (qui voudrait soumettre les Églises à l’État).
 
On comprend qu’Israël, l’Iran ou le Vatican ne sont pas des États laïques, puisqu’ils se réclament d’une religion officielle ou privilégiée. Mais l’Albanie d’Enver Hoxha ne l’était pas davantage, qui professait un athéisme d’État. Cela dit assez ce qu’est vraiment la laïcité : non une idéologie d’État, mais le refus, par l’État, de se soumettre à quelque idéologie que ce soit.
 
Et les droits de l’homme ? demandera-t-on. Et la morale ? Ce n’est pas à eux que l’État se soumet, mais à ses propres lois et à sa propre constitution – ou aux droits de l’homme pour autant seulement que la constitution les énonce ou les garantit. Pourquoi, dans nos démocraties, le fait-elle ? Parce que le peuple souverain en a décidé ainsi, et ce n’est pas moi qui le lui reprocherai.
 
C’est mettre l’État au service des humains, comme il doit l’être, plutôt que les humains au sien. Mais la même raison interdit d’ériger les droits de l’homme en religion d’État. Distinction des ordres : l’État ne doit régner ni sur les esprits ni sur les cœurs. Il ne dit ni le vrai ni le bien, mais seulement le légal et l’illégal. Il n’a pas de religion. Il n’a pas de morale.
 
Il n’a pas de doctrine. Aux citoyens d’en avoir une, s’ils le veulent. Non pourtant que l’État doive tout tolérer, ni qu’il le puisse. Mais il n’interdit que des actions, point des pensées, et pour autant seulement qu’elles enfreignent la loi. Dans un État vraiment laïque, il n’y a pas de délit d’opinion. Chacun pense ce qu’il veut, croit ce qu’il veut. Il doit rendre compte de ses actes, non de ses idées. De ce qu’il fait, non de ce qu’il croit.
 
Les droits de l’homme, pour un État laïque, ne sont pas une idéologie, encore moins une religion. Ce n’est pas une croyance, c’est une volonté. Pas une opinion, une loi. On a le droit d’être contre. Pas de les violer ».